Il serait peut-être temps que je vous raconte un peu ce magnifique trail qu'est la Ronda Dels Cims, ultime avatar des courses organisées dans le cadre de l'Andorra Ultra-Trail par Valérie et Gérard Denis.
Le format est un désormais classique gros 100 miles (170 km exactement) avec environ 11.500D+. Le terrain de jeu est typé Espagnol, très technique, des montées et descentes droit dans la pente, une ascension à près de 3.000m sur le magnifique Pic Comapedrosa, une moyenne d'altitude à 2.000m. 150 coureurs ont en pris le départ, 46 la terminent. Pas moi.
Autant le dire tout de suite, et en dépit de l'abandon, j'ai juste adoré ce parcours que je trouve très pur. de la vrai montagne. Je reviendrais faire la deuxième partie !
Ordino est le petit et charmant village qui accueille les trois courses pendant tout le week-end. Un joli écrin à alt.1.200 où l'on se sent bien. Avec Baz et Yoyo, on a pris place au camping d'à côté. La course part pas trop tôt le matin à 8h, laissant le temps de digérer le petit déj. Les 150 coureurs en solo qont en chasuble bleu, les relais de quatre seront en chasuble jaune et partent 2 heures après.
On se retrouve rapidement avec Baz sur les deux premières montées qui nous amènent au Collada Ferroles (alt. 2532). Je trouve Baz un peu enthousiaste dans les descente pour la distance. Je le lui dis. Je vais le perdre de vue ensuite, je crois pour des soucis digestifs. Mais il ira beaucoup plus loin que moi au final ... comme quoi. Enchainement des sommets Portella Rialp (alt 2500) et Cataperdis (alt. 2700) avec une solitude relative puisque j'ai toujours un visuel sur un ou deux coureurs, mais la distance se rallonge. On m'a annoncé 9ème. je m'en satisfait pleinement. Les paysages sont grandioses. Au ravitaillement de Pla de l'Estany en revanche je me retrouve bien seul en dépit d'excellentes relances sur un sentier roulant juste avant. Je prend bien 5 minutes car juste après arrive le gros morceau de cette rando : le Pic de Comapdrosa. Une merveille de gros blocs rocheux pendant 950m pour arriver en crête sur le sommet à alt. 2942. Durant la montée l'hélico de l'organisation me passe et filme au sommet, je me doute que devant moi ils y sont. Je prend un top chrono pour évaluer mon écart. Ensuite il revient sur moi tel le bourdon et fait des circonvolutions pendant 5 minutes. Un peu gavant à la longue, mais bon c'est pour la postérité ! Arrivé au niveau du col, reste à bifurquer sur la gauche pour prendre la crête, tout en équilibre. Ceux qui n'aiment pas le gaz, à éviter, pour les autres venir de toute urgence. Au col je regarde en bas et ne vois toujours aucun poursuivant. J'évalue mon écart à au moins 30 minutes, c'est du tout boooon (avec l'accent Savoyard). De l'autre côté j'aperçois les deux coureurs qui me précèdent et qui sont ensemble dans la descente. Avec le top chrono au sommet l'écart est également de 30 minutes environ. L'arrivée au sommet est magique : un petit orchestre traditionnel joue pour l'arrivée de chaque coureur. Sur un petit espace ridicule ce sont une dizaine de bénévoles - musiciens, secouristes, et chrono - qui sont là juste pour vous. Un organisateur me prend fermement l'avant bras, m'accompagne sur 5 mètres, me dirige vers la descente et me dis "vas y !". Ben heu oui c'est sur j'allais y aller ... jamais compris si il me tenais le bras pour vérifier mon pouls et tension et valider que tout allait bien, ou si c'est pour que je n'ai pas peur sur le haut, ou de ma lancer dans la pente ... c'est vrai que la pente, boudiou, ben c'est un gros pierrier sur une grosse pente bien raide. Mi j'adore ça. Planté de talon et ça dévale tout seule et tout droit. D'ailleurs je ne suis pas vraiment les fanions. J'en ai repéré un tout en bas près du lac et tire un azimut dessus. Efficace descente alpine. Un sacrés morceau ce Comapedrosa, mais quel pied !
On est au kilomètre 50 avec environ 3600D+, et tout devient très roulant avec deux petites montées de 300 mètres. très agréable. je sais que je vais être seul un moment, les paysages sont somptueux. C'est après le sommet de Bonyde la Pisa que ça se corse. Une descente de dingue non seulement avec des pierres qui roulent de partout, mais ensuite un jeu de corde pour descendre à la verticale ! Avec les batons dans la main, easy ! J'en paume un au passage, obligé de remonter avec la corde à la force des bras sur 10 mètres. Les deux bénévoles qui sécurisent le lieu me disent que c'est le passage le plus dur techniquement. Ah ben bonne nouvelle les gars, parce qu'après sinon faut mettre le parapente ou base jump dans le matos obligatoire ! S'ensuit un dévers dans l'herbe particulièrement difficile à suivre. Je pers le fil du balisage à plusieurs reprises. Je pense le retrouver ... et me retrouve sur un passage avec un air de déjà vu. Le fameux passage de corde. Je demande à la bénévole qui est seule quelle direction je dois prendre, et avec des gestes (elle ne parle que Catalan ... et moi non), me montre le sens de la montée. A bout de bras je remonte tout en trouvant ça un peu bizarre. Au bout de 5 minutes je tombe sur deux coureurs : mon poursuivant et le premier relayeur. P.... 30 minutes de perdus. J'ai fait un demi-tour sur moi-même sans m'en apercevoir !!! En revenant sur le bénévoles qui sécurisent l lieu - entre-temps une deuxième gars est arrivé - le gars m'explique que la fille a cru que je voulais abandonner et c'est pour ça qu'elle m'a dit de remonter. Franchement, pour abandonner mieux vaux se laisser descendre sur Margineda (Base vie) que de remonter au sommet avec les cordes à la force des bras (qui m'en tombent du coup ...). Bref c'est bien énervé que j'entame la longue descente vers Margineda (10 kil et 1.500D-). La nuit tombe, je ne met pas la frontale, tant pis j'aime bien quand tout devient gris et sentir les pieds découvrir le sol.
A Margineda (kil 70) je suis toujours 9ème, mais mon poursuivant que j'ai laché dans la descente est à peine 5 minutes derrière maintenant. Je met met ma soupe dans un bidon que je donne à une bénévole (l'eau est je ne sais pas où mais visiblement loin), change de pompes, mange un bol de pâtes et c'est parti pour une nuit. Une montée de 800m pas super top un peu ennuyeuse d'ensuit, mais surtout une grosse catastrophe. En prenant mon bidon je m'aperçoit qu'il n'y a ... que de l'eau ! Pas de soupe ! La bénévole a nettoyé et vidé mon bidon de sa poudre pour n'y mettre que de l'eau. Et vu que mon alimentation hors ravito ne se compose uniquement de soupe et de quelques barres Mulebar, c'est la cata ! Je n'ai pas sur moi, je devais tenir jusqu'à la prochaine base vie avec. Et de deux ! Enervé, énervé le Stef ... Je n'avance plus vraiment dans la montée, et je me fais rejoindre par deux autres coureurs. Je les tiens jusqu'au sommet, et fais la descente avec eux. Je me sens faible, et en plus je n'arrive plus ni à boire, ni à manger. Problème de déséquilibre osmotique des cellules ? Ou faut il aller revoir mon ostéo pour équilibrer les tensions qui m'ont posé des soucis d'estomac il y a quelques années ? Toujours est il qu'à la ville de Sant Julia, je me sens très faible, et que la montée vers Naturlandia est un calvaire. Deux autres coureurs me passent que je ne peu pas suivre. A Naturlandia (kil 90) je suis 14ème, épuisé, et ne peux toujours rien avaler. Je décide de dormir 20 minutes, puis finalement 1 heure. Rien n'y fait. Je regarde la carte : 1000m de montée au Col Bou Mort et environ 15 kil avant le prochain ravito. Ca craint. Je ne veux pas prendre de risque pour moi, ni devenir un boulet pour l'organisation. J'arrête.
Il me faudra ensuite attendre plus 7 heures avant de pouvoir boire et manger à nouveau. C'était une bonne décision, et en plus je me suis régalé sur ce parcours de 90 kilomètre et 7.300D+. Il faudra juste revenir l'an prochain pour en terminer et découvrir la partie somptueuse des lacs.
Yoyo a abandonné à Magineda (kil 70), Baz au kil 135 avec un estomac remis mais des pieds massacrés. Clerzou lui en terminera magnifiquement en 44h et une très belle 11° place (le vainqueur Miguel Heras est en 30h). Ufoot en 53h et 33° a fait une super prépa physique et mentale pour le TDG où nous retrouveront en septembre avec Christian et Baz. Bravo les gars !
Prochaine étape, toujours dans les Pyrénées, avec le GRP le 28 août en mode 90% et prépa de la TDG (11 sept). Rendez vous pris avec l'ostéo début sept. Espérons que l'alimentation sur le GRP se passera bien ...
Gros merci à toute l'organisation pour ce parcours de rêve et cette belle ambiance. Tant pis pour les ratés me concernant. je reviens en 2012 !
N'oublie pas d'apprendre le catalan avant l'année prochaine ;)
RépondreSupprimerje croyais que tu ne faisais pas de long en 2012 ;-)
RépondreSupprimerC'était avant le drame du TDG ...
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