A l’origine des temps fut notre traversée des Pyrénées avec Yoyo (Lionel Planes) en 10 jours et 10 heures, en juillet 2009. Une épopée vécue avec une assistance réduite à quatre personnes très efficace.
En 2010, trois équipées se lancent dans cette aventure : Les Mousquetaires CélestesNicolas Darmaillacq qui le fera en sens inverse de Banuyls vers Hendaye sa région natale, et Kilian Jornet dans le cadre de sa préparation à la Western States. (Bernard Godon, Thierry Michel, et Alain Steeman) que nous connaissons bien pour s’être tiré la bourre sur la première PTL 2008,
Kilian, c’est notre Zidane dans le trail. Mais avec un renversement des valeurs : un « gosse » de 23 ans qui fait rêver les grands (vieux ?) !
Quand il appelle successivement Lionel et moi 15 jours avant son départ le 31 mai pour nous inviter à courir avec lui l’étape dans la région de Font-Romeu, sa région d’entrainement et de vie actuelle, en tant que précurseur, c’est avec incrédulité que nous accueillions la nouvelle ! On s’appelle immédiatement après pour s’assurer l’un et l’autre que nous ne rêvons pas.
C’est donc après un périple traindenuit, tchoutchou jaune, et marche en fort D+ pour rejoindre l’hôtel que je rejoins l’équipe Salomon le vendredi soir. Très pro et très sympa cette équipe. Greg, responsable marketing Trail, Steph GripMaster photographe volant, Camille logisticienne du jour, et tous les autres nous accueillent avec 20 autres coureurs tirés au sort ( n’y a t il tout de même pas eu une petite sélection ?). Une avalanche de cadeaux nous attend avec la parfaite panoplie du coureur trail ! Cette année le papa Noël se fournit chez Salomon et a décidé d’arrêter de se peler le jonc en hiver!
Le samedi nous rejoignons Kilian une première fois en Andorre après plus de 500 km. Il parait encore frais le bougre en dépit de nombreux passages neigeux en altitude. Il fera d’ailleurs de nombreuses incursions sur le GR11 pour se soulager un peu en vallée. Mais ce n’est pas encore l’heure de courir avec lui. Car Salomon a prévu un parcours spécifique et balisé de 41 km et 1.200D+ afin que les coureurs décrochés puissent rentrer à la maison. Quand on vous dit que ce sont des pro ! En attendant nous faisons la connaissance d’Anna Frost, championne du monde Néo Zélandaise de Sky Race. Théo, jeune Chamoniard et futur star du trail en est encore tout transi !
C’est au pied de … que nous montons l’arche de départ de cette promenade en bonne compagnie qui s’apparente à une véritable course : arche de départ, balisage, et … tempo au seuil !
Kilian arrive accompagné de sa maman et de Josef (Potoski) qui l’a courageusement « poursuivi » dans la traversée de l’Andorre. Quelques minutes de photos et on part. Après 500 mètres, on attaque droit dans la pente et là - El Infierno – Kilian monte comme une mobylette en courant, je suis au seuil, et je concède rapidement du terrain pour ne pas exploser. J’ai peur de ne déjà plus le revoir. Mais Salomon fait décidément très bien les choses : une rivière où Kiki (oui c’est mon nouvel ami alors il mérite une dénomination plus chaleureuse !) enlève chaussures et chaussettes pour se préserver me permet de rentrer dans le groupe. Sur tout le parcours la même histoire va se répéter. A chaque montée je dois gérer mon propre rythme en lâchant le groupe. Je rentre au bénéfice des descentes et des plats. Usant ! Yoyo est dans le même cas que moi et nous faisons rapidement cause commune. Néanmoins nous sauterons dans la dernière montée, une piste de ski alpin noire, seuls 3 coureurs réussirons à suivre (chapeau bas les gars) dont Bertrand Cochard au palmarès assez élogieux (25h à l’UTMB et Spartathlon ça calme !).
Comme je le disais, après les montés commencent l’épreuve de rattrapage en descendant à tombeau ouvert les névés pour rejoindre le groupe de plus en plus petit arrivant à suivre la légende. A mi-course le scénario se renouvelle et je rejoins l’équipée avec Yoyo avant d’arriver sur un magnifique single track le long d’un lac. Kilian perd soudainement sa casquette, part sur le côté, et les quelques coureurs devant hésitent, du coup je me retrouve devant. Et soudainement arrive de nulle part comme un James Bond l’hélicoptère affrété par Salomon pour tourner la vidéo du jour et de la traversée. 15 minutes de pur folie où en tête devant Kilian (je ne le saurais qu’après) je fais le rythme traversant névés et rivières, ne cessant de relancer revigoré par le moment magique, avec l’hélico qui virevolte autour à quelques mètres. Yoyo m’avoue plus tard que le rythme a été à ce moment sacrément durci et il a eu peur de sauter à nouveau ! Et puis l’hélico repart, une montée arrive, et la dure réalité de l’élastique reprend le dessus … m’en fout je viens de réussir le casse du siècle !
Des champions comme s’il en pleuvait
Il y a des week-end comme ça où on a la douce impression que forcément votre voisin est à minima champion du monde de quelque chose ou a bien au moins glané une médaille ou deux aux JO ou un piolet d’or. C’est ce que j’expérimente lorsque je descends dans les Alpes du Sud du côté d’Argentière, ou même à Cham. Et bien Font-Romeu c’est tout pareil. Et comme d’habitude ces champions sont extrêmement modestes sur leurs exploits, il faut les violenter pour avoir droit à des anecdotes !
Je vous ai parlé d’Anna Frost, belle championne qui sillonne l’Europe et les courses de montagne dans son Van.
Je n’évoque plus Kilian qui dans une descente ou nous parlions de choses et d’autres me dit tout à coup « 10 jours c’est bien ce que vous avez fait … » sgloups !
A l’arrivée de Kilian, qui attend sagement son champion ? La jolie blonde Paula Radcliffe, rien de moins que la détentrice du record du monde féminin du Marathon (Londres – 2h15).
Le lendemain petit footing matinale avec Martin Fourcade, vice champion Olympique de Biathlon à Vancouver (15 km Mass Start). Pour un ex skieur de fond, un vrai bonheur de midinette.
N’en jetez plus. Chez Salomon quand on organise un week-end, c’est à fond !
La vidéo de la journée.