Samedi 9 Mai 2009 – 100km – 4.600D+ - 123 partants – 7°/72 arrivants en 13h49
Dimanche 10 mai 2009 – 42km – 1.100D+ - 89°/90 arrivants en 6h00
Ma stratégie de course : faire le 100km placé mais sans sur-effort afin de ne jamais compromettre l’enchainement. Donc jamais dans le rouge. Pour le Marathon, aucune importance, juste finir.
J’arrive le vendredi dans la journée et rejoins Bottle à la remise des dossards. On se fait bien confirmer par Jack sa promesse d’une caisse de Clairette de Die si on arrive à faire l’enchainement. Sept prétendants pour l’enchainement. Va y avoir de la compétition !
100km des « Aventuriers du Bout de la Drôme »
Samedi le départ est à 4h30. Avec Yoyo (Lionel Planes) on est hébergé par une copine Marie-Servane, avec qui je fais le Raid EDHEC dans 10 jours et Kiné de son état ce qui sera utile. On se lève à 2h30, autant dire largement avant les poules.
Le départ est donné par Jack et neutralisé jusqu’ en haut de la tour ce qui permet de se chauffer tranquillement. Ensuite ça part sur la crête en single track technique de nuit : magnifique ! Avec Yoyo on s’est placé dans les 10 premiers et on est super à l’aise sur ce parcours. Ensuite dés que l’on rejoint de larges sentiers 4x4, les rouleurs nous rejoignent et nous larguent. Pas grave, on a le temps ! Le jour se pointe vers 5h30, et on arrive à 7h30 à Barcelonne (km25, 1000D+) pour le premier ravito solide. On nous annonce 11° et 12°. Sarah à qui j’ai passé mon APN est de tous les points de rendez vous, et attend son copain Nico qui normalement me double systématiquement à mi-course. Au GRR c’était à Cilaos !
Nous repartons avec Yoyo pour l’instant sur le même rythme. J’attends la grosse chaleur annoncée avec angoisse, car comme pour le Grand Raid Dentelles Ventoux 2007, Yoyo va très bien la supporter et partir et moi je vais subir voir exploser. Ca remonte durement sur un très beau mono-trace et là le premier de l’édition 2008 avec le dossard 1001 nous double en petite foulée sur une pente de folie avec de grosses marches. Et Yoyo qui lui emboite le pas ! Fidèle à ma stratégie je laisse filer, et garde mon rythme qui me va à merveille. Puis me passe un garçon avec un beau tshirt UFO blanc qui se nomme Olivier Muller (Sachanono) qui m’annonce son premier 100km. Il terminera premier en pulvérisant le record de l’épreuve en 12h01 ! Respect. On passe par les Pylônes avec un enchainement de prairies et de sentiers, et au niveau d’un bénévole point d’eau surprise : Yoyo qui vient de se prendre un premier avertissement avec un début d’hypoglycémie. Moi ca me fait plaisir de continuer avec mon pote Yoyo ! On arrive à 9h30 au magnifique village de Cobonne (km40, 2.020D+). On nous annonce 11 et 12°.
La chaleur commence à devenir très forte, et je souffre depuis le matin d’une méchante diarrhée. Sans conséquence jusqu’ici grâce au Smecta, il ne fait plus effet. Je risque donc doublement de me déshydrater. Je ne pense plus qu’à boire et manger salé toute les 10 minutes environ et stabiliser mon allure pour ne pas provoquer de surchauffe interne. Comme prévu Yoyo s’en va vers le 50°km au moment où je profite d’une fontaine dans une ferme pour me rafraichir le corps, et pile au moment où Nicolas Cointepas me double exactement à la mi-course : quel métronome ! Là non plus je ne cherche pas à suivre et ralentit légèrement le rythme pour passer cette grosse chaleur.
Je suis alors seul ou alors faisant le yoyo avec un autre concurrent coordonné en rouge avec des bâtons verts qui subit lui aussi la chaleur mais avec des à coups. 12h30 j’arrive à Saillans (km65, 2.913D+), au pied de l’énôrmissime montée de 1.200D+ vers les 3 Becs. Je suis en nages, mais ca tient, je n’explose pas. Ma gestion est bonne. Mes parents m’attendent, Jack m’impose un passage à l’infirmerie où au bout de 3mn je demande ce qu’on attend de moi : vous allez bien ? Oui ! Bon ben alors allez y ! Ha bon … Au ravito je me plonge dans la fontaine, je remplis mes poches de salés (saucisson et chips), et je pars à l’assaut du monstre. Avec une place de 8° et déjà 3 abandons devant, j’ai le moral au plus haut.
Mais le début de l’ascension est très difficile : ca monte fort, et à découvert il fait très très très chaud. Je profite de l’ombre de chaque arbre pour me reposer et me rafraichir pendant 30 secondes. J’ai l’impression de me trainer et pourtant je suis sur un rythme de 500m/h. Au quart de la montée on arrive enfin dans un sous bois sur le GR9. Plus de fraicheur, je vais mieux, je relance, toujours dans une montée assez raide. 800m/h que je tiens. Ca sent très bon. Au bout d’une heure de montée je ne vois toujours aucune rubalise, et je panique : aurais je loupé un embranchement ? J’hésite, je continue, je m’arrête. C’est trop bête, si je me suis planté c’est 300D+ plus bas. Tant pis je redescends. 150D- plus bas je tombe sur mes deux poursuivants qui me confirment qu’il faut suivre le GR9 sans balisage. Caramba, je viens de perdre exactement 20 minutes. Je suis énervé, mais en forme car frais avec la descente et le sous-bois. Je repars de plus belle en larguant mes compagnons avec une prograssion de 900D+/h que je tiens jusqu’au Pas de la Motte après une succession de montées descentes sur des dalles. Dur mais magnifique. Je double un concurrent qui boite avec un problème au genou. Me voici donc 7°. Un bénévole contrôleur m’annonce Yoyo et Nico ensemble (du moins j’imagine qu’il s’agit d’eux) passés à 14h38. Il est 15h15. 35 minutes c’est trop loin pour aller les chercher. Dommage, sans les 20 minutes perdues bêtement dans la montée, l’écart n’aurait été que de 15 minutes, et là je me serais engagé dans la grande descente à fond. Du coup j’y vais gentiment mais très habile sur les cailloux glissants dans ce beau canyon humide, je ne récupère bien, de la chaleur. Je suis bien.
A l’Auberge des Dauphins (km80, 4.144D+), tout va bien, je vais bien. Mon père me confirme Yoyo et Nico 30 minutes devant, j’imagine mes poursuivants à au moins 20 minutes. Je poursuis donc tranquillement, du moins je l’imagine. C’est plat, ca monte gentiment, ca redescend dans le jolie forêt de Saoû, et … caramba plus de balisage et chemin tout droit ou à droite. Pfff, disons tout droit alors ! J’arrive sur une route au Pas de Lauzun ( ???) évidemment sans aucun balisage. J’arrête une voiture qui me confirme que le route redescend sur Crest par l’est. Exactement la direction du chemin à droite que j’ai laissé derrière moi. Retour en arrière, et effectivement environ 500 mètre après le bifurcation je retrouve du balisage. Débalisage sauvage additionné à un balisage uniquement si bifurcation font qu’on ne sait jamais si on est perdu et quand.
J’arrive au dernier ravito près d’un centre équestre au km90. Je raconte ma mésaventure. On m’annonce toujours 7°, donc personne ne m’a doublé pendant mon jardinage. Ensuite tout roule jusqu’à Crest. J’ai des ailes. A l’arrivée Yoyo et Nico sont là, je suis content et en forme.Je fais un excellent temps de 13h49, je n’ai pas explosé sous la chaleur, je n’ai mal nulle part : l’enchainement peut avoir lieu.
Douche, massage par mon hôte Marie-Servanne, et je passe un petit sms à Bottle qui m’annonce son arrivée imminente de nuit à Crest en moins de 18h. Cool on sera au moins deux demain !
Je vais me coucher vers 23h sans vraiment trouver le sommeil, les quadriceps se sont durcis et une douleur à la malléole gauche apparait (chaussure Lafuma un peu trop hautes). Je me réveille toutes les heures.
Marathon Drôme Nature
Départ à 8h. Je retrouve Bottle en forme. Enfin comme moi, un peu fatigué tout de même
Tient il y a même moins de monde que pour le 100km ! N’empêche, nous partons tout au fond pour ne gêner personne avec nos allures de patriarches playmobiles. C’est dur, et même si nous tenons un bon 10km/h sur le plat, le cœur n’y est pas. En effet c’est difficile de se sentir déphasé par rapport aux autres concurrents, nous ne sommes pas dans le course, mais ce n’est pas non plus une ballade. Nous subissons. Nous ne profitons de rien : marre de faire du plat, fatigués dans les montés, trop mal aux quadri pour réellement s’engager dans les descentes. Bref pas de plaisir. Ne reste que le challenge de terminer et boucler l’enchainement. En plus Jack nous annonce que nous ne sommes que tous les deux sur les sept (trois ont abandonnés sur le 100) à repartir ce matin. Alors on se relais avec Bottle, avec une tondeuse balaie derrière nous (en fait une moto trail qui ferme la course). Et puis le semi-marathon nous rejoint. Philippe Raymond nous passe avec sa belle prestance en 2° position. Bottle accélère naturellement le rythme. Pas longtemps. Au bout de 500 mètres on a tous les deux un point de côté : des vieillards vous dis-je ! L’arrivée des semi derrière nous devient chiant. On en peut pas trouver sa trace, faire attention. Je vois mon père, je lui échange ses pompes pour soulager ma malléole. Elles sont trop petites, dans les descentes ca tape et je suis obligé de recroqueviller les orteils. Beaucoup plus tard nous double Stéphane Diagana et Richard Dacoury, invités par Jack. Y’a du beau linge sur le semi !
Avec Bottle on souffre en silence. Que dire ? Qu’on en a marre que tous les bénévoles nous demandent si il reste quelqu’un derrière ? Qu’on a mal ? Tout ça on le sait tous les deux. On sait aussi qu’on va le terminer cet enchaînement à la noix, parce qu’on l’a promis au nom des Ultrafondus. On n’est pas blessé, alors on va tenir parole. On serre les dents.
Au détour d’un ravito à environ 10 bornes de l’arrivée, nous ramassons, en perdition, Michèle (Saintemarie, tout un programme pour un sauvetage !). Nous finissons à trois. Enfin des single track digne d’un trail, c’est à la ramasse que nous arrivons au gymnase. Je vois furtivement quelqu’un nous voir et repartir aussi sec vers le gymnase d’arrivée. On broie du noir depuis un moment, et tout à coup sur l’arrivée …
… Jack est au micro en train de faire le podium, demande à tout le monde de nous faire un triomphe ! Tout le monde se lève et applaudi à tout rompre. Tous nos amis UFO et Kikourous sont là. Nous sommes abasourdis et finalement très heureux de l’avoir fait cet enchainement. Après quelques mots au micro où Bottle rappelle très opportunément à Jack de sortir la caisse de Clairette, les photos, nous redescendons dans la salle en héros. Tout le monde nous serre la main, nous félicite, les cuistos veulent nous donner du rab de bouffe, bref la gloire éphémère mais gratifiante. On oublie les douleurs.
Ce que je retiens de l’enchainement
Très content de l’avoir fait, mais je ne le referais pas. Un 100km de rêve, mais partir sur une course en étant pas dans les même conditions que les autres concurrents n’est pas mentalement très confortable. Et pourtant je vais le refaire fin Août avec la CCC+TDS (205km, 12.000D+). Et avec surement que 2 ou 3 heures pour me reposer entre deux 100km trail. A suivre …
En revanche je retiens un excellent état de forme à mi-parcours de mon entrainement pour la Transpy. Ca contribue à mon bon moral pour la suite, tout comme l’Intégrale de l’Ourcq avait contribué à me remettre en selle en mars dernier.
Je me donne 3 jours de récupération, et retour à l’entrainement et un enchainement de raids, de Off, et de courses. La prochaine ? Une mystérieuse et inquiétante Montagn’Hard …
Merci et félicitations à Bottle pour son énergie et son opiniâtreté.