lundi, septembre 15, 2008

La Petite Trotte à Léon de Riri, Fifi, Loulou

27 au au août 2008

220km, 17.000D+

2° en 69h39 dont 2h de repos


Photos de l'équipe en course

Photos de Georges Couleaud


Récit de la Will-Team

Récit des Fées Célestes


Riri alias Arnaud Coudray – l’homme aux phrases utiles et chocs, presque des slogans publicitaires - 32h UTMB2006

Fifi alias Stéphane Couleaud – Ultra-Steph dans le microcosme, connu pour ses successions de mou et de mieux – 34h UTMB2007


Loulou alias Etienne Fert - fils spiritual de Jean-Louis Etienne, ne se perd que lorsqu’il l’a décidé – 30h UTMB2006

La PTL 2008, première édition, nous a tout de suite enthousiasmés par l’ampleur de la tache à accomplir. Les distances certes monstrueuses, le parcours très alpin, mais aussi et surtout la gestion de l’équipe, ses allures, ses temps de repos et de pauses, les qualités d’écoutes et de prises de décision de chacun de ses membres. Cela ne se décrète pas, comme tout dans le sport ou la vie, ca se travaille et s’expérimente. Le GR20 en juin avait été l’occasion de valider en grandeur nature la cohésion de cette équipe nouvelle. Irina a en effet laissé la place à Arnaud en début d’année pour vivre tranquillement sa maternité, et si chacun connaissait les valeurs des autres en course comme en off, chacun devait trouver ses marques dans le groupe en tant que tel. Personnellement la Transpy2008 était une nouvelle occasion de vivre cet esprit collectif en trail, pendant qu’Etienne et Arnaud finissait la HRP tant bien que mal. C’est dans ce genre de galère que la rusticité s’exprime le mieux et que l’on consolide le mental des individus et du collectif.


Au matin du mercredi 24 août, tout n’est pas rose pour autant. Arnaud est fatigué des ses semaines de boulot, et personnellement je récupère à peine de mon escapade Pyrénéenne. Un mois c’est trop court. De plus, n’ayant pas fait de montagne depuis, l’avant-veille je suis allé faire un tour sur le Plan de l’Aiguille. La descente de 1000D- m’a complètement endommagé les fibres musculaires. J’ai encore la douleur. Mais engagé auprès de l’équipe, il faut faire face. Etienne en excellent leader a consolidé les infos sur ses propres cartes, avec le chemin surligné, GPS au poignet, il assurera la quasi majorité de l’orientation tout en courant ou marchant, ainsi qu’il gèrera le rythme du groupe.


Les objectifs de l’équipe sont de plusieurs ordres :

Objectif réaliste et ambitieux (le principal) : 70h

Objectif complètement dingue : arriver avant le départ de l’UTMB en 58h30

Arriver avec le premier de la CCC : environ 63h

Arriver avec le premier de l’UTMB : environ 80h

Advienne que pourra : barrière horaire de 106h



Chamonix (8h) – Bel Achat – Servoz (12h)

17km – 1.300D+


Départ 8h bon enfant avec les 160 coureurs et 61 équipes présentes. Ca nous change du barnum UTMB avec plaisir. Nous nous attendions à un départ rapide de quelques équipes, et en fait nous nous retrouvons rapidement au milieu d’une dizaine de team avec une allure fort raisonnable de 7/800D+/h. Certes déjà une ou deux équipes semblent avoir du mal à gérer le groupe en lâchant un de leur membre, ou en lui faisant subir un tempo non conforme à son état de forme. Une équipe de bodybuilders nous impressionnent tant ce format est inhabituel sur les trails, nous les appellerons spontanément « les Biscottos ». Mais c’est au milieu de 4 ou 5 équipes homogènes que nous atteignons les Aiguillettes des Houches. Et surprise à nouveau avec une descente gérée avec sagesse par la les équipes de tête. Pourtant Arnaud va tout de même se payer une belle gamelle avec un poignet qui va enfler et nous inquiéter. Une ou deux bonnes initiatives d’Etienne en topo dans la descente, et nous voilà « naturellement » en tête à Servoz sans forcer, prêt à répondre aux questions de France3, où on nous annonce 30’ d’avance sur le temps prévu, qui n’ont finalement guère de pertinence sur un tel parcours. Un ou deux échanges corsés entre Etienne et une équipe Espagnol sur une question de priorité à la Fontaine que n’a pas encore tranché le règlement de la PTL, et nous voici reparti vers le Col de Voza en compagnie des Mousquetaires Célestes qui ne nous lâcheront plus d’un pouce, et d’un passager clandestin – Serge – qui a décidé de nous accompagner de Servoz jusqu’au refuge du Truc.



Servoz (12h) – Col de la Forclaz – Voza – Col de Tricot - Col de la Croix du Bonhomme (20h)

55km – 5.150D+


En sortant de Servoz, et avant d’attaquer la montée au Prarion, nous rejoignons l’équipe des Mousquetaires Célestes (Thierry Michel, Alain Steeman, et Bernard Godon) reparties juste devant, une des six équipes qu’on engagé la sympathique « écurie » Belge des Célestes venus en force sur cette PTL. C’est marrant car c’est la seule équipe avec qui nous auront fait les présentations mutuelles en course. Comme si nous présentions que quelque chose devait nous unir sur les prochains jours … Dés le début de la montée, nous lâchons quelque peu l’équipe de Thierry (TM sur le forum UFO), et Serge nous fait la conversation. Je pense à Manu sur la Transpy qui n’aurait pas aimé ça, mais à ce stade de la course, nous ne sommes pas encore trop dans notre bulle à trois, c’est plutôt plaisant. Il me faut juste trouver un peu de souffle car nous montons de façon continue à 800D+/h, le rythme qu’imprimera tout le long Etienne, pardon Loulou. Au Col de la Forclaz nous croisons Gaël dit Bombyx qui se dort la pilule en attendant son UTMB. Il nous annonce premier, mais ça on le sait déjà, et ca ne va pas changer grand-chose à notre course, rires ! A l’hôtel du Prarion, Loulou va nous chercher de l’eau pour faire notre Tipiak du jour, et à 12h30 passé il commence à faire faim. Nous repartons, et projetons de manger peu après le Col de Voza, le temps que les Tipiak se fassent. A Voza nous croisons mon père, toujours disponible, ce qui ne pas manquer d’étonner mes compères tout au long du parcours, et générer de bonnes blagues comme « tient ça fait longtemps qu’on l’a pas vu », ou « attention il va surgir derrière le bosquet ». Si le bouiboui à sandwich près de la voie ferrée refuse catégoriquement de nous donner de l’eau pour nos gourdes, arguant que nous ne sommes pas des consommateurs, injure suprême (purée je ne suis pas près de déjeuner chez eux !), l’hôtel se montre plus compréhensif. Nous faisons quelques kilomètres de plus pour déjeuner nos superbes Tipiak à l’ombre des sapins. Le premier déjeuner de la PTL s’engouffre en 20mn, et moment de repartir, nos amis Célestes nous passent. Ca va devenir notre routine. Nous les repassons dans la montée au Tricot, où un randonneur-coureur se joint au peloton, et Serge répond à ses questions. Après Serge_Coureur, Serge_Skieur, et Serge_Informaticien, voici Serge-Attaché-de-Presse !

Descente sur le chalet de Miage où comme à chaque refuge nous rencontrerons une forte chaleur de la part des groupes de randonneurs.

Au chalet de Truc, c’est la séparation avec Serge après un ravito express de 15mn. Nous repartons vers le refuge de la Balme, mais sans passer par les Contamines, mais par un chemin juste au dessus, vraiment sympa, et via le refuge de Tré la Tête où nous mangeons notre première soupe en 20mn. Et devinez qui arrive lorsque nous repartons : « tiens salut Thierry, alors trop chaud dans la montée ?».

Quand nous rejoignons le parcours connu de l’UTMB au refuge de Nant-Borrant, surgit de nulle part tel un feu follet mon père, Géo, qui nous attendait justement par le chemin classique venant des Contamines. Il nous propose un Coca, fait demi-tour et revient aussitôt avec deux cannettes. La légende de Géo est définitivement inscrite dans la mémoire collective des RFL !

Petite soupe au refuge de la Balme très accueillant, et nous attaquons la montée au Col du Bonhomme, toujours avec rythme inébranlable de 800D+/h. Elle passe vite de jours, très vite même, et nous nous retrouvons sans vrai fatigue au refuge de la Croix du Bonhomme. L’accueil est délirant, Manu26 faisant partie des volontaires pour nous aider à ce refuge qui accueille la PTL, ainsi qu’une dizaine d’autres sur le parcours (accueil 24h sur 24, possibilité de dormir le temps que l’on veut, ravitaillement avec repas ou petit déjeuner). Nous en profitons pour prendre une douche avant de nous changer pour la nuit, et de diner. Notre stratégie depuis le départ est d’aller d’une traite jusqu’à Champex sans dormir, soit les deux premiers jours et une nuit ½ environ après le départ. L’organisation avait prévu que la plupart des équipes dorment entre les refuges de Tré-la-Tête, la Balme, et Croix du Bonhomme. Une dizaine d’équipe feront le choix de s’engager de nuit sur les cols suivants, avec pour premier refuge possible ensuite celui de Maison Vieille, estimé à 7/8h de course. Nous restons environ 45mn, ce qui laisse le temps à trois équipes de rentrer sur nous, dont les Mousquetaires Célestes pointés à 30mn de nous, et Luc et ses Drôles de Dames à 45mn environ.



Col de la Croix du Bonhomme (20h45) – Col des Fours – Col de Seigne – Col des Chavannes – Mont Fortin – Col de la Youlax – Maison Col Chécruit - Courmayeur - Bertone environ (8h 2° jour)

90km – 7.370D+


Le Col des Fours se monte rapidement (200D+) dans les dernières lueurs du jour, et nous attaquons la longue descente vers le Village des Glaciers. Je crois connaître par cœur cette descente en pierrier pour l’avoir pratiquée par tous les temps (notamment neige et brouillard) et … je perds l’équipe sur un sentier qui va vers le plan des Fours, un cul de sac. Heureusement Magic_Loulou_Etienne reprend les choses en main avec son GPS et nous ne perdons pas trop de temps en coupant dans un vallon très pentu et retrouvons la trace du sentier. Mais je crois qu’à ce moment j’ai perdu tout crédit pour le restant de la trotte, et Riri_Arnaud l’a un peu en travers de la gorge. Plein d’eau obligatoire au refuge des Mottet – environ 2 litres chacun – car par la suite nous n’aurons plus de source d’eau disponible jusqu’à Maison Vieille. Derrière nous les lampes de nos poursuivants s’étalent sur la descente des Fours aux Glaciers.

Nous repartons vers le Col de la Seigne. Comme depuis le début j’ai un pouls qui monte beaucoup trop haut, syndrome de fatigue suite à la Transpyrénéenne, et sur la fin de la montée, Etienne et Arnaud me lâchent un peu, ce qui sera la règle désormais presque jusqu’à la fin.

A partir de là nous quittons le parcours UTMB pour partir dans un long pierrier où il va nous falloir trouver le Col des Chavannes. Rapidement nous perdons la trace du sentier et jardinons au milieu des éboulis. Tout le monde y va de sa gamelle. Arnaud a toujours mal à son poignet, et je me défonce les coudes sur deux chutes de suite. Surtout rester zen. Les Célestes vont nous dire avoir subi le même jardinage. D’ailleurs nous voyons leurs lampes régulièrement derrière nous. Finalement, très peu de temps avant le col, nous retrouvons le sentier, très peu visible de nuit au milieu des pierres : il était probablement à peine 5 à 10 mètres sous nous !

Il s’en suit une succession de montée et de descente, certainement magnifiques de jour, mais nous arrivons dans les heures creuses vers 3h du matin où le corps s’effondre inexorablement. Et le mien s’effondre littéralement en arrivant sur le Col de Youlax où mon pouls s’accélère très franchement, au point d’affoler Etienne : je respire comme à l’arrivée d’un sprint ! Il décide de nous arrêter, nous sommes pourtant sur un sentier minuscule, et nous sentons le vide sous nous depuis un moment. En 5 minutes j’arrive à faire redescendre mon pouls à la normale avec des exercices de respiration par le ventre. Nous repartons avec une descente d’équilibriste. Les Célestes sont juste derrière nous à environ 10mn.

Nous récupérons le parcours UTMB sur l’arrête Chécruit. A Maison Vieille, repos de 30mn pour ravitailler en liquides, s’avaler une soupe et un café, manger un peu de solide. Nous repartons cers Courmayeur en croisant nos amis Célestes à 20mn environ.

En arrivant sur Courmayeur, l’organisation a prévu de nous faire passer en dehors de la ville, et on se demande bien pourquoi. Toujours est il que nous suivons un fléchage spécifique tant le parcours est tordu (de Dolonne à La Saxe). Au bout de 40mn nous finissons par rejoindre la montée vers Bertone. Cette fois ci j’arrive à accrocher le groupe. Nous y petit-déjeunons, et le gardien du refuge nous le fera gratos, gracie mille ! Les Célestes arrivent 30mn derrière. J’en profite pour soigner des ampoules naissantes (les percer, passer un antiseptique, et mettre un pansement + élasto pour le tenir). Mes compagnons vont plus haut au soleil pour se changer et mettre la tenue de jour. Moi c’est fait.



Bertone (8h30) – Col du Sapin - Col Entre-deux-Sauts - Col de Malatra - Col des Seingles, Col de St Rhemy - Col du Grand Saint Bernard (milieu d’après-midi)

112km – 9.100D+


J’attaque la montée au Mont de la Saxe, et c’est un sacré pourcentage, avec un soleil qui commence à taper fort. Ca commence dure la deuxième journée. Quand nous repartons vers la Tête Bernarde nos amis Céleste sont déjà sur nos talons. Discrètement je regarde ma montre à un endroit caractéristique pour évaluer le temps qui nous sépare (comme sur le Tour de France !). Résultat, environ 10mn. J’en fais part l’air de rien à mes camarades, qui jettent un œil par derrière. Nous ne concertons pas, ne disons rien. Pourtant dans l’enchainement de cols qui va suivre jusqu’au Grand Saint Bernard il me semble bien qu’Etienne à très légèrement durcit l’allure, comme pour s’assurer des les tenir à distance. Même si je suis un peu moins bien qu’Arnaud et Etienne, j’approuve la démarche dans mon fort intérieur. Incroyable enchainement de cols : Col du Sapin, Col Entre-deux-Sauts, Col de Malatra, Col des Seingles, Col de St Rhemy, et enfin Col du Grand Saint Bernard vont s’enchainer comme des perles, sans un seul mètre de plat, sans un seul refuge d’accueil. A peine arrivée dans le talweg d’un vallon, bing ça remonte aussi sec ! Sur ce parcours une seule pause de 15mn au Col des Seingles, d’où nous voyons arriver les Célestes estimés à 20mn de nous. Un grand souvenir, la descente vertigineuse du Col de Malatra : va falloir qu’ils songent à poser un rappel !

L’arrivée sur l’Hospice du Grand Saint Bernard se fait péniblement. Nous avons du mal à trouver le bon chemin, et alors que nous le pensions en bas, nous le voyons soudainement beaucoup plus haut. Découragement momentané. Je suis cuit. Pourtant je relance une dernière fois sur la route qui nous amène au refuge des Moines. La petite communauté des chanoines nous accueille au milieu des touristes. Ca nous perturbe un peu de voir autant de monde. Un comble pour lieu tenu par des moines ! Mon père, comme une évidence pour nous, est là. Mais je ne lui adresse à peine la parole. Je veux m’écrouler et dormir 5mn, ce que je fais. Ensuite seulement je bois ma soupe, et passe à nouveau un peu de temps sur mes pieds, de plus en plus douloureux. Nous restons 30 minutes en tout, et c’est à peu près le temps qui nous sépare des Célestes qui arrivent lors de notre départ. Petit chambrage avec Thierry où je lui promets qu’on les attendra au prochain refuge. Réponse : « c’est peut-être nous qui vous attendront … ». Ca y est on est dans le vif du sujet, la petite trotte est bel et bien devenu une course … mais très amicale. Ca nous plais bien cette saine rivalité et émulation avec nos amis Célestes.



Hospice du Grand Saint Bernard (milieu d’après midi) – Col de Bastillon – Col Névé de la Rousse – Refuge de la Tsissette – Praz de Fort - Champex (4h du 3° jour)

147km – 11.370D+


Nous repartons plutôt en bon état. C’est toujours surprenant de voir à quel point 30minutes de pause et de ravitaillement en nourriture chaude permet à l’organisme de se régénérer. Et tant mieux, car le programme avant la tombée de la nuit n’est pas mal lui non plus. Nous rejoignons le Col des Chenaux assez facilement, les Pointes de Lacérande constituant le hors d’œuvre avec une descente qui nous permet de retrouver avec « joie » la technicité des pierriers. La montée au Col de Bastillon est vrai coup de cul bien raide mais pas trop long. Par la suite, et jusqu’au Col du Névé de la Rousse, c’est une succession de pierriers et d’éboulis avec d’énormes rochers. C’est un vrai jeu d’équilibriste où les bâtons ne servent plus à rien. Bien content de passer de jour dans ce coin là ! La très longue descente vers Tsissette et son refuge est assez pénible bien que le cadre soit idélique. Une certaine lassitude s’installe en cette fin de journée. Je commence à avoir le tournis des ces successions de cols incessantes depuis Bertone ce matin. Au refuge de la Tsissette, vers 20h, nous sommes royalement accueillis par le couple qui le tient et une poignet de randonneurs. Ils nous abreuvent de questions sympathiques, la Patronne en échange d’une part de gâteau à la crème (c’était son anniversaire) se fait prendre en photo à mes côtés. Pendant ce temps Arnaud en profite pour se jeter sur de la charcuterie pas prévue au menu (soupe et pâtes). Nous restons environs 30 minutes, et surprise : pas de Célestes à l’horizon. Nous nous demandons si finalement ils n’ont pas décidé de dormir un peu à l’Hospice St Bernard, ils semblaient eux aussi assez marqués. En fait ils passeront plus de 1heure après nous au refuge.

Nous continuons la descente, et la nuit tombe. La deuxième d’affilée. Tout le monde se sent encore pas mal. Mes coudes ont dégonflé, le poignet d’Arnaud aussi, en revanche Etienne se plaint d’un genou, mais seulement en montée. N’empêche, on monte toujours à 700/800D+/h. La montée vers la Tejere via les pistes de ski est rude, et Etienne, qui est déconcentré par son genou, passe la topo à Arnaud qui s’en sort très bien grâce à ses beaux restes d’orienteur en CO chez Raid’Up. La descente vers Praz-de-Fort me semble absolument in-ter-mi-nable. Mal aux pieds, et surtout je sombre corps et âme. Peut-être le fait d’avoir mal dormi les deux nuits précédent la PTL, mais surtout le fait d’être toujours trop haut dans les tours par rapport à mes camarades me fait tomber dans les bras de Morphée en premier. Et c’est un calvaire d’autant plus que nous entamons notre deuxième et dernier gros jardinage de cette Trotte. D’abord on a du mal à trouver la descente terminale sur Praz de Fort, et ensuite nous ne trouvons pas la Deuve sur laquelle nous devons faire une photo obligatoire. Près d’un village les cartes se trouvent moins précisent avec la multitude de sentiers, et les forêts se transforment parfois en zones claire. Bref nous perdons près de 2 heures à moment critique pour moi. A tel point que je n’arrive plus à marcher droit, j’ai perdu toute lucidité. Si j’étais seul, je me serais mis dans ma couverture de survie et dormi au pied d’un arbre. Etienne me demande de m’arrêter et de dormir sur le chemin 5 minutes. Et effectivement, ca me permet de récupérer suffisamment pour les grimper les 400D+ jusqu’à Champex. Deux heures plus tard, vers 4h du matin, nous arrivons au gite Bon Abri du fameux Léon. Je vais directement me coucher, Arnaud et Etienne allant d’abord diner. Le premier vrai repos. Quel bonheur ! 2h de sommeil plus tard le réveil sonne, c’est déjà l’heure d’aller petit déjeuner. Pour moi qui n’ai pas diné, ce sera … pâtes à la carbonara ! Merci aux personnes du gite pour leur disponibilité à cette heure !

On apprend également que les Mousquetaires Célestes ont dormi … à Praz de Fort, dans une église ! Ils étaient en fait persuadé qu’il y avait un refuge à Praz de Fort et l’ont cherché ! Ils sont encore 1 heure derrière nous.



Champex (7h 3° jour) – Fenêtre d’Arpette – Col de la Forclaz – Mont de l’Arpille – Le Trétien – Refuge du Vieux Emosson (20h)

183km – 14.385D+


La récupération de cette – courte – nuit est spectaculaire ! L’effondrement 5 heures plus tôt est totalement oublié. En revanche l’état des pieds empire en dépit des soins que j’y apporte. En fait mes plaies s’infectent. Dingue, moi qui n’avais jamais d’ampoules grâce à mes soins proactifs avec le citron et la crème anti-frottement, coup sur coup à la Transpy et à la PTL j’en souffre. Espérons que je serais tout même épargné au GRR …

Le Val d’Arpette est une montée difficile par ses gros cailloux. Beaucoup plus difficile que celle par les Bovine, qu’emprunte l’UTMB, et qui aboutit également à la Forclaz. De plus la chaleur devient étouffante, il n’y pas d’air. Mais le plaisir de l’arrivée sur cette fenêtre d’Arpette est incroyable, surtout avec la vision du glacier du Trient qui arrive d’un coup. Magnifique, et j’ai beau connaître ce coin par cœur, je m’émerveille à chaque fois. Début de descente technique, mais on commence à en avoir l’habitude. J’essaye d’oublier que mes pieds me font mal, et ca marche, j’arrive à descendre à un bon rythme. A l’Hôtel de la Forclaz, comme d’habitude, comme une routine qui s’installe, 30 minutes de pause avec soupe, café, et plein d’eau/coca. Nous ne verrons pas les Célestes, mais ils fondent sur nous, puisqu’ils vont arriver juste après notre départ, soit 30mn de retard.

Montée sans histoire au Mont de l’Arpille. Nous prenons la photo obligatoire, et Etienne réclame 5 minutes de pause. Ensuite un drôle de micmac avec les Célestes se déroule. En effet, en allant sur la Creta, nous nous trompons et loupons le bon sentier qui remonte. En revenant sur nos pas nous le récupérons, et dans la montée nous voyons nos amis qui coupent en force au travers de la forêt pour rejoindre ce même chemin. Ils se sont également loupés. Et nous demandons comment nous ne les avons pas croisés ! Toujours est-il que maintenant ils sont sur nos talons. Et à la première descente vers Le Trétien, ils nous passent comme à la parade. Ils sont visiblement bien mieux que nous, superbes. Ils nous avoueront aussi avoir un peu « bombé le torse » histoire d’en rajouter un peu. Nous on lâche déjà l’affaire. Etienne et Arnaud sont à leur tour pris par les bras de Morphée et mes pieds me font vraiment souffrir. Il est 14h, le troisième jour.

Du Trétien au barrage d’Emosson le sentier est assez monotone, surtout par rapport à ce que l’on a pu connaître les deux jours précédents, mais il est largement ombragé, et vu comme le soleil tape, ca n’est pas plus mal. Au barrage une photographe de l’organisation, déjà croisée à Voza et au Col de la Forclaz nous y attend. Elle nous annonce les Célestes 30minutes devant. Nous relançons en courant sur la route qui nous mène au pied du refuge Vieil Emosson. Et là le chemin redevient de la crapahute tout droit sur un éboulis. Le refuge est littéralement au-dessus de nous. Le gardien nous attend en haut de l’éboulis. Il est adorable. La vue superbe. Mais il faut faire vite, très vite, si on veut arriver à passer le début de la terrible et dangereuse descente du Col de la Terrasse avec un peu de jour. 30 minutes pour déglutir la soupe, la pasta, et la tarte myrtille. Rapide soins des pieds tout en conversant avec une américaine très sénior férue d’astronomie, et c’est reparti. Les Mousquetaires ont 1h d’avance.


Refuge du Vieil Emosson (20h30) – Col de la Terrasse – Refuge de la Loriaz - Col des Montets – Tête aux Vents – Flégère – Chamonix (5h39 3° jour, 3° nuit)

220km – 17.000D+


C’est la gueule pleine de tarte aux myrtilles un peu à la bourre que je rejoins mes camarades déjà en routes. Notre mission : en 30 minutes arriver au Col de la Terrasse pour au moins visualiser le départ de la descente. Faire le tour du lac d’Emosson, puis grimper les 450D+ jusqu’au col me semble impossibles dans mon état. Nous missionnons donc Etienne, qui avec quatre sachets de café a réussi à reprendre le dessus, d’aller au plus vite sans nous attendre. Il va y arriver de justesse, ce qui va occasionner un drôle de quiproquo chez les Célestes. Car au même moment ils en finissent avec cette descente. Et quand ils voient la frontale d’Etienne, ils pensent que nous sommes à 30 minutes d’eux en chasse. Ils vont donc redoubler d’efforts pour finalement nous coller 4 heures à l’arrivée !

Une demi-heure après son arrivée nous rejoignons Etienne et entamons la descente. Un pierrier où tous les cailloux sont instables. Le risque est double, se faire emporter en glissant et balancer une caillasse sur les copains. Ensuite il faut arriver à ne pas perdre la trace, rien d’évident avec un balisage quasi inexistant et de nuit.

Nous finissons par atteindre le Refuge de la Loriaz. Repos allongé de 5 minutes pour Etienne et moi. Soupe et café pour tenir la nuit jusqu’à l’arrivée.

Pas toujours évident de trouver la trace dans les hameaux et les bois que l’on traverse jusqu’au chemin du Buet, et le Col des Montet. Je sens qu’Etienne et Arnaud en ont un peu marre, et sont pressés d’arriver. Ils ne supportent plus ces chemins, leur trouvent tous les défauts du monde, exactement comme moi la veille en arrivant sur Praz de Fort. De mon côté je me régale car je suis en forme, et ce sont des coins que j’adore. Comme je les connais de jour, je les apprécie de nuit. En plus je suis plutôt pas trop mal physiquement en dehors de ces fichus pieds avec des plaies infectées.

Au Col de Montets, nous pensions que de rejoindre l’itinéraire de l’UTMB avec les premiers de la CCC (course Courmayeur-Champex-Chamonix de 100km et 4500D+ précédant l’UTMB) nous ferait plaisir et nous remotiverait. Il n’en est rien. Il y a trop de monde (coureurs et admirateurs), trop de bruit, et ca nous sort de notre bulle. Quelques rares coureurs ont entendu parler de la PTL et nous disent un mot, la plupart sont concentrés sir leur course et ne prennent pas toujours la peine de dire merci lorsque nous nous écartons pour les laisser passer. Pas grave, il nous faut d’abord finir.

L’ascension à la Tête aux Vents ne nous semble finalement pas si terrible, étant donné les difficultés que nous avons du affronter précédemment. Bizarre car pour moi dans mes souvenirs du Trail des Aiguilles Rouge, la faire en descente avait déjà été un exercice périlleux, je l’imaginais très difficile en montée.

En revanche le long plat sur le plateau semble interminable.

Je dois constamment remotiver mes camarades qui ont envie de dormir. Le monde à l’envers !

Flégère est trop bruyant. Nous prenons juste un café et basta.

La descente vers Chamonix est une épreuve pour Arnaud et Etienne. Je les bassines à essayer de leur faire croire que c’est facile, c’est beau, c’est bien ! Rien à faire, ils sont saoulés.

Et puis miracle ! Nous arrivons à la route. Comme une évidence Géo est là, accompagné de mon épouse Sabine arrivé la veille. Ouf tout le monde se réveille pour profiter de notre arrivée, en 69h39 à 20 minutes de notre objectif de 70h, pas mal gérée cette affaire ! Les Mousquetaires Célestes sont arrivés 4h avant, nos poursuivants sont à plus de 5h derrière.


Même si il n’y a pas grand monde à 5h du matin, nous sommes tout de même très fiers et très satisfaits de notre périple. Catherine et Michel Poletti, ainsi que Jean-Claude Marnier – directeur de la PTL – nous attendent et nous félicitent. Ils ont suivis nos péripéties par balise GPS interposé, et on les sent émus et contents. Nous indiquons à Michel que pour l’année prochaine ca n’est pas peine d’en rajouter, il semble d’accord, rires !

Un grand bravo à l’organisation impeccable, aux refuges super accueillants.

Arnaud et Etienne vous avez été des compagnons parfaits, chacun à su se relayer pour pallier aux défaillances, il n’y a jamais eu de stress inutile, le rythme a été nickel.


Enfin un grand merci aux Mousquetaires Célestes sans qui cette course – pardon – cette Trotte n’aurait sans doute pas eu la même saveur. A vous revoir bientôt en Célèstie.

Pour ceux qui en douteraient encore, cette PTL est magnifique. Le parcours est incroyable qui vous fait passer par toute la variété de passages et chemins que vous pouvez rencontrer en montagne (hors glaciers). La progression en équipe est très stimulante et gérer la contrainte du groupe devient au fur et à mesure un avantage au bénéfice de chaque individualité. Enfin l’esprit et le partage avec les acteurs de la Trottes – refuges et autres coureurs – est très sain. Bref, une autre façon de penser nos sorties, un mixte entre le Off et les compétitions.


Pour ceux qui craignent le gigantisme ou la réglementation à l’extrême, il existe une alternative faite de responsabilité personnel et d’autogestion