8h41mn - 49km - 3500D+
51° / 400 partants
Matériel
Batons : oui
Chaussures : Lafuma Active Trail Pro
Vêtements : Maillot manche longue, short et collant, veste Gore Tex
Sac : Sacs : CAMP MPack Trail Pro 20l + Porte Gourde sur bretelle + Sac à eau 1,5l (entre 2 et 3kg)
Aliments : Pate d’Amande- Cacahouètes – Crème de marron + ravitaillements course (essentiellement barres céréales et coca/eau)
Prélude
En Septembre 2006, le CMBM (club de trail/CAP de Chamonix) organise une reco de ce qui pourrait être le futur tracé du 1er trail des Aiguilles Rouges, avec pour parrains Vincent Delebarre et Dawa Sherpa. Ce jour là j’ai mis une crois sur mon calendrier de septembre 2007.
En 2007, j’ai deux objectif principaux : finir l’UTMB et assurer une première marque sur un 24h (en l’occurrence celui d’Arcueil les 6/7 octobre). Ce trail est donc positionné sur le calendrier comme une sortie longue d’entrainement qui rompra un peu la monotonie des sorties Parisiennes de l’entrainement 24h (matin et soir sur trois semaines, environ 140km par semaine).
J-1
Le matin petit footing de 1h10 entre Cham et Montenvers pour respecter le programme 24h.
Le briefing ayant lieu à 18h30, je décide de prendre mon dossard à Servoz vers 17h30. Sur le rond-point qui m’amène à la route national, une voiture me passe devant avec Dawa sur le siège passager : un heureux présage me dis-je. A Servoz je croise le trio de choc des Pasta Party de Saint Nicolas : Olivier Tribondeau (Oliv91), Olivier ? (Oliv74), et Fabrice (Jongieulan). Comme ils ont un apéro à prendre (avant l’heure c’est pas l’heure, après …), ils me demandent de leur faire un CR du briefing. Ca promet, rires !
Au briefing, Michel Poletti et les membres du CMBM nous annoncent un nouveau parcours à cause de la neige : présence à partir de 1800 et 40cm à 2500m. Donc annulation du Brévent, L’Index et Lac Blanc. En revanche, ajout de l’Aiguillette des Posettes. Calculé vite fait par Michel, 2km en moins (49 au lieu de 51) et même dénivelé (3500D+). Michel nous précise qu’il est inutile d’essayer d’éviter de mettre les pieds dans la boue vers le reuge d’Anterne. Ambiance.
Jour J
Levé 2h50 pour rejoindre la navette bus à Chamonix mise en place par la course pour nous amener à Servoz (et nous ramener de Vallorcine). Le diner de la veille avec mon ami Laurent Allard et son épouse Sabah (nous étions dans le même club de ski de fond lorsque nous étions ado – l’APAV) ne se fait pas trop sentir. A Servoz, le bus arrive vers 4h. Le départ étant à 5h, l’attente est un peu longue. Arrivent les Oliv’s et Fab. Oliv91 me montre ses nouveaux bâtons en carbone (pour remplacer ceux cassés à l’UTMB), et c’est vrai qu’ils sont sacrément léger, presque trop … A la demande de l’organisation nous nous dirigeons vers le départ. Il pleut, mais la météo est annoncée plutôt clémente dans la journée. J’hésite : j’ai un tshirt manche longue assez chaud (pour le ski de fond/rando) et ma veste GoreTex, alors dois-je garder la veste ou non ? Je garde, de toute façon en haut elle sera nécessaire, au moins le matin.
Servoz-Refuge d’Anterne – 2h – 40°
Le départ nous fait faire une boucle autour de Servoz qui permet d’étirer le peloton des 400 coureurs. Plutôt pas mal, avec un sentier en forêt très sympa. Je voulais partir lentement pour cette sortie longue vue comme un entrainement sans objectifs de performance, mais Oliv91 m’entraine à un bon rythme sur le début. Sur le sentier je continue sur ma lancée et double une poignée de coureurs mal à l’aise avec la nuit et la boue. En passant le pont au dessus du Souay, nous entamons la longue montée vers le refuge d’Anterne. Certains enlèvent leur vêtement de pluie. Trop tôt à mon avis. Le rythme des coureurs autour de moi est plutôt rapide. J’ai décidé de courir sans regarder ma montre (heure et alti) sauf sur les cinq points clés (Anterne, Plan Praz, Flégère, Montets, Posettes), mais ca doit bien faire du 800D+/h. Pour soulager les cuisses bien fatiguées par l’entrainement 24h, je décide de bien allonger le pas, en poussant bien dur les orteils. Efficace, faut que j’y pense plus souvent en course. En cours de montée, je commence à avoir très faim, je sens l’hypoglycémie arriver. Pourtant je ne prend pas la décison de manger, estimant l’arrivée au refuge pour bientôt. Au bout d’environ 1h30 nous sortons de la forêt. Il pleut toujours. Le terrain se fait marécageux (Lac de Pormenaz ), et sur le sentier mono-trace, impossible de ne pas plonger le pied dans la boue et l’eau glacée. Rapidement j’ai les pieds congelés. Sur ce terrain difficile je double encore une dizaine de coureurs, dont un en me prenant une grosse gamèle en ripant dans la boue en descente. Puis je devine que nous arrivons bientôt au refuge, signifiant le début d’une longue descente. Au refuge on m’annonce 40°, je suis étonné mais ravi. Je rempli ma gourde et mange 2 carreaux de chocolat. Ma stratégie ravito est tirée de mon expérience UTMB : remplir la poche à eau le moins souvent possible parce que perte de temps et d’énergie (ici je la remplirais aux ¾ soit environ 1l au départ et je n’y touche plus ensuite), et je me sers de ma gourde pour compléter aux ravitos. Pour le solide, j’en ai dans une poche que je met sur un porte gourde sur l’autre bretelle, et je mange en marchant en sortant du ravito où je complète la pochette. Ainsi je ne passe jamais plus de 2 minutes à un ravitaillement.
Anterne – Plan-Praz – 4h15 – 42°
La descente tient toutes ses promesses. Après un petit chemin pour 4x4, nous arrivons sur un champ de boue. Comme annoncé la veille au briefing, impossible de passer outre. De toute façon les pieds sont toujours bien trempés. Et ca glisse, il faut jouer l’équilibriste. Plutôt ludique finalement. Le pont au-dessus de la Diosaz signale le début de la grosse montée vers le Col du Brévent. Max du CMBM me signale 41°. Le début monte en souplesse, régulier. Et puis d’un coup, la pente s’accentue et nous arrivons au niveau de la neige. On dirait presque une sortie ski rando. Ca glisse et patine, et comme nous sommes sur des pierriers les bâtons ripent également. J’hésite à sortir mes Yaktrax (chaines pour chaussures), mais le mono-trace m’empêche de le faire confortablement, il y a encore pas mal de coureurs derrière moi. Tant pis je ferai sans (en Off je les aurai sorti à coup sur, et pour la sécurité en descente ca aurait été beaucoup mieux). Mes jambes sont lourdes de l’entrainement de la semaine et peut être aussi de mon début d’hypo de la montée vers Anterne. Des coureurs me rattrapent, dont la première féminine (Sylvie Negro) qui monte avec une régularité de métronome, en relançant méthodiquement sur chaque replat ou faux plat montant (j’ai trouvé le pendant féminin à Yoyo – Monsieur Mac-Man). Je m’écarte, elle ne dit pas un mot. La concentration surement. Un autre coureur est complètement à la dérive. A l’arrivée il m’annoncera avoir abandonné juste après à Plan-Praz. Finalement nous arrivons au Col avec une belle ambiance inattendue de quelques spectateurs. Jean-Claude Marmier (CMBM) - que tout le monde connait pour ses explications sur la sécurité au briefing de l’UTMB d’une voix très autoritaire (Colonel à l’armée oblige) – m’annonce 42°, alors que je me suis fait doubler au moins par 6 coureurs. Certains ont du construire un Igloo … En entamant la descente vers Plan-Praz, je double un coureur qui m’annonce être congelé et ne se sens pas bien. Décidément le Brévent fait des dégâts, et je comprends que les organisateurs n’aient pas voulu faire monter les coureurs plus haut. La descente est très technique avec du rocher dans une forte pente et un sentier très étroit. La neige rend l’exercice acrobatique. Je rattrape la première féminine, qui me demande si je veux passer. Elle est donc bien dotée de la parole. A Plan-Praz je prends un ravito liquide en demandant de me remplir mon bidon avec un quart coca et le reste en eau : étonnement de la bénévole qui semble presque hésiter à prendre un doseur ! Merci à eux de nous avoir fourni énergie et la bonne humeur dans le froid de la neige.
Laurent et son ami Jean-Marc devait démarrer la course en Off à partir d’ici (en montant de Chamonix à pied tout de même). J’apprendrai plus tard qu’ils sont arrivés à Plan Praz 30mn après mon passage.
Plan-Praz – Flégère – 5h30 – 52°
Je repars en marchant et en mangeant. La première féminine me double en courant, toujours en mode relance efficace. Plus loin, alors que les montées sont plutôt courte, un groupe compact d’une dizaine de coureurs – mené par la deuxième féminine - me rejoint et me double sans me laisser l’opportunité de m’accrocher. Les jambes sont toujours lourdes, mais mon rythme est régulier. Alors je ne m’affole pas. C’est mon rythme. Les paysages sur le Mont-Blanc sont magnifiques, et au milieu de la neige ce trail est féérique. Nous arrivons au télésiège du Cornu. La descente est tout simplement dantesque : une piste de ski bien pentue, sur un pierrier avec 10cm de neige. Les chutes n’épargnent aucun des coureurs. Téméraire, je rattrape le groupe de 10 coureurs, mais au bout de trois chutes – plus de peur que de mal, mais tout de même – je reste sagement derrière le dernier d’entre eux. Je sors mon appareil photo, quand derrière moi j’entends une chute : clic clac kodak, un jeune homme avec une veste orange est immortalisé. Il restera mon repère jusqu’à la fin de la course (je vais l’appeler Orange, Fabien David de son vrai nom d'après le classement officiel). Le chemin repart vers La Flégère sur du plat. La neige a disparue, et ne réapparaitra pas. Dans la montée vers Flégère, Orange me rattrape. Comme je suis en train de prendre une photo, il me propose de m’immortaliser. J’accepte. Ce geste vient de sceller notre amitié, rires ! Au ravito, on m’annonce 51°. Mon menu saucisson, fromage, chocolat et banane, le tout avalé en même temps, amuse beaucoup une bénévole. Ben pourquoi ?
Flégère – Col des Montets – 6h50 – 50°
Le long plat descendant avec quelques parties techniques est à mon avantage. Je rattrape la deuxième féminine. Son rythme me semblait moins régulier et naturel. Elle m’annonce qu’elle a mal à un genou. Ouch, les prochaines descentes vont être dures pour elle ! Un groupe génial de spectateurs fait un boucan du tonnerre avec des cloches. Super les filles, ca donne la patate ! Et on entame la descente vers le Col des Montets. Un gros pourcentage et une descente très longue (1000D- ?). Je fais toute la descente à tombeau ouvert, je m’amuse comme un fou. De nombreux randonneurs s’écartent en anticipant mon arrivée et me félicitent ou m’encouragent. Je leur retourne leurs bravos car le montée doit être sacrément longue et dure pour eux ! Vers la fin, j’aperçois mon groupe de coureurs qui m’avait distancé, avec Orange. La descente qui compense la montée, je me Didier P.-tise (private joke). Au ravito, une bénévole me demande si j’ai froid, car je porte toujours ma veste GoreTex. Non, mais j’ai la flegme de l’enlever. Elle respire bien, et à l’Aiguillette des Posettes il fera surement froid. Décidément pas un ravito sans une remarque. Suis-je si atypique ?
Montets – Aiguillette des Posettes – 8h – 51°
Mon groupe de coureurs est reparti avant moi, j’entame la longue (très !) montée vers l’Aiguillette des Posettes en marchant et en mangeant. Un coureur me double, se sera le dernier, et pourtant, mes jambes étant toujours aussi lourdes en montée, je me prépare psychologiquement à me faire doubler par au moins une dizaine de coureurs. Fidèle à la technique d’allonger le pas et de ne pas regarder l’altimètre, je monte régulièrement. Personne derrière, personne devant. Seul. Je croise une randonneuse qui m’indique le sommet à 5 minutes. Bizarre, je viens de croiser un panneau l’indiquant à 1h30. Je veux bien être fort, mais là ca fait beaucoup de différence. Il y a bien un gros cairn, ca doit être ca dont elle parle. Effectivement, une fois arrivé au cairn, je vois Orange au loin avec un petit groupe. Et ce scénario se répète trois fois. Trois fois on se croit arrivé, trois fois ca repart pour un tour. Se remettre dans sa bulle et se dire qu’on est vraiment bien ici. Les randonneurs sont nombreux et chacun y va de son petit mot d’encouragement. Merci. Au loin devant - j’évalue à 10 minutes le temps qui me sépare de lui – semble se faire lacher par son groupe de coureur. Mais je ne le rattrape pas pour autant. Derrière moi, deux coureurs se rapprochent petit à petit. Je vais essayer de tenir, sachant qu’en descente je vais surement les distancer. Au sommet un photographe est présent avec une énôrrrrrme doudoune. Faut dire qu’il nous voit passer un par un toutes les 5 minutes. Le paysage est magnifique. Les deux coureurs sont justes derrière moi. Je mange rapidos et boit un coup, maintenant ce n’est que de la descente, environ 3/4h.
Aiguillette des Posettes – Vallorcine – 8h45 – 51°
J’attaque fort pour être sur de décourager mes poursuivants. A l’arrivée, le gars derrière moi m’avouera avoir essayé de suivre, mais voyant ma vitesse de descente il s’est découragé. Ca marche ! En me retournant pour voir où j’en suis, je me paye ma cinquième gamelle de la journée sur une partie boueuse. Puéril mais j’aime vraiment ça. Au Col des Posettes je connais bien le parcours de cette descente. L’envers du Marathon de Chamonix. D’abord les pistes de ski, ensuite un sentier amusant jusqu’à Vallorcine. Un bénévole m’annonce le coureur de devant (Orange) environ 10 minutes devant. Je me retourne sur les pistes de ski, personne derrière. Juste pour le plaisir, ayant assuré ma 51° place, je fonce car je le sens bien. Descente à tombeau ouvert, tant pis pour les quadri, ils ne serviront plus de toute façon. Et je m’amuse bien. A l’arrivée, j’aurai repris environ 6 minutes sur Orange, et mis mes poursuivants à 4 minutes derrières.
Je sprint pour passer la ligne d’arrivée. Nathalie Michel du CMBM m’accueille au micro et me fait un gentil commentaire.
Epilogue
J’ai fait une belle course, régulière. Départ rapide, et puis une gestion sans pression de l’effort. A l’arrivée j’aurai encore pu continuer à mon avis assez longtemps. C’est vrai de que de terminer l’UTMB rend la saison plus facile. A suivre sur l’objectif n°2 de la saison, les 24h d’Arcueil le week-end prochain.
Après ma douche et une tartiflette/salade du buffet d’après course (quel luxe !), je retrouve mon ami Laurent, qui a finit Plan-Praz/Vallorcine avec 15mn de moins que moi. Un peu plus tard je vois Werner arriver en pleine forme. Quel athlète ! Et puis Oliv91 et Fabrice. Olivier à cassé son beau bâton carbone. Trop fort.
Merci aux organisateurs de nous avoir offert un si beau parcours, plei de surprise, mais ma fois fort équilibré. Bravo aux bénévoles car si les conditions météo étaient dures pour nous, c’était pire pour eux ! Et merci aux anonymes randonneurs. Tous vos sourirs font chaud au cœur.
Au fait quelqu’un connait il l’origine de cette terre qui m’a tenu tête pendant trois douches en grattant fort ? J’en ai encore sur les pieds et les chevilles deux jours après !
Vivement l’édition 2009 avec cette fois un passage au Brévent, l’Index, et le Lac Blanc !