mercredi, décembre 12, 2007

L’Origole – 9 décembre 2007 > L’Ultra-Cross hivernal

Site organisation
Abandon au 50°km – 167 participants

Préambule

Le rendez vous hivernal des ultra-trailers d’IdF. L’Origole n’a jamais si bien porté son nom. Son origine est le fait que l’on saute, enjambe, ou plonge dans de multiples ruisseaux tout au long du parcours. Il pleut depuis une semaine, et ce samedi n’est que tempête et pluie. Le départ à minuit ne fait qu’ajouter de la difficulté avec cette lutte permanente contre le sommeil que doit endurer chaque coureur.

Depuis deux mois, et après une saison riche en courses, je suis au repos course à pied, donc sans entrainement. Si mes huit kilo supplémentaires pris depuis début octobre me permettent d’aller percuter au raz plus efficacement, ils ne facilitent pas vraiment l’endurance et la récupération. Bref à part une coupe de cheveux toute neuve, ne pas s’attendre à une perf, plutôt à une sortie longue hivernale avec les potos UFO.

Des potos UFO, il y en a un paquet (une quinzaine je crois). Et ca fait drôlement plaisir de les revoir.

Au moment du départ, l’exercice de la tenue idoine fait débat : certains – comme Val (Valéry Caussarieu) choisissent le t-shirt manche courte et le short façon homme_fort_des_bois_ki_ne_craint_pas_l’eau, et d’autres – comme moi – qui optent pour la version ceinture_et_bretelles avec manches longues, veste gore tex, et pantalon ignifugé.

Boucle 1 – 2h34 – 26°

Minuit. Un départ bon enfant, on sent que personne ne se met trop la pression. On est là d’abord pour se faire plaisir avec une sortie longue. Les 71km et les 25km partent ensemble sur la même première boucle. Le danger est que ca accélère le rythme des 71.

On saute un nombre incalculable de petites rigoles, qui au lieu de faire 50cm de large, font plutôt entre 1 et 1,5m. Au début ca va, on a la forme, on se dit qu’à la fin on doit finir par plonger dedans ! Sur les chemins les pompes s’enfoncent dans la boue, et on se demande toujours si l’une d’elle ne va pas finir ses jours au fond d’un bourbier. En dépit d’un formidable balisage avec des rubalises tous les 3m, c’est un parcours à pièges. On suit un chemin, et tout à coup il faut prendre droit dans les arbres à 90°. Du coup quelques moments d’inattentions m’ont faire perdre le fil d’Ariane 2 à 3 fois. Avec une file de coureurs derrières qui suivent … Car je suis à la tête d’un groupe de coureurs du 25km, et ils sont chauds bouillant les bougres. Ce groupe sprint en vue de l’arrivée. Mes jambes commencent à connaître quelques lourdeurs (déjà !). Je finis cette boucle en 2h34 26° du 71kil, mais 17° du 25kil. En entrant dans le gymnase pour me ravitailler, je sais que je vais repartir, mais je me doute déjà que ca va être difficile avec les 1500m de dénivelé dans la glaise détrempée, et ma toute petite forme.

Boucle 2 – 6h59 – 51°

Cette fois ca monte … et ca descend, en fait ca glisse surtout (sur tout) et partout.

Au début de la seconde boucle, Zeb (Sébastien Baudry) et Patate (Noël Bizeul) (qui finiront ensemble 37° en 10h17) me rattrapent juste avant Auffargis (dans la section après les étangs), "section roulante". Ils tirent droit dans Auffargis. Je vois vite, car l’expérience des mes loupés de la 1ere boucle commence à rentrer, que les rubalises ne sont plus là. Je reviens vite en arrière, et effectivement il faut tirer à droite dans une allée qui annonce la couleur, ce grimpe !
Ensuite les premiers toboggans arrivent. Noël et Zeb m’ont rejoins à nouveau. Je tente bien d'entrer en contact en leur demandant leurs noms. Ils répondent mais je sens bien qu’il ne va pas falloir les emmerder trop longtemps avec ma prose si je veux rester avec eux. Et ca me fais du bien d’être avec eux. Ils sont mieux que moi sur le roulant, je passe mieux dans les longues glissades et dans les fougères, bref tous les passages techniques. Et puis arrive Bombyx (Gaël Obein) qui arrive avec son bâton magique et nous double comme si de rien n'était. Je tente bien une petite vanne du genre « t’as paumé ton autre bâton ? », mais là aussi je n’ai droit qu’à un vague grognement en réponse. Je n’insiste pas. Et puis pshhhhit il disparait dans la faible lueur de sa frontale dans la jungle Birman.

Sur cette 2° boucle, au moins 10 chutes ! Dont ma première en montée, à quatre pates le nez dans la boue, essayant vainement de m’accrocher à des racines, ou cherchant le tapis de feuilles qui va aider. Epuisant. Le record de chutes des Aiguilles Rouges est explosé. Comme mon pantalon d’ailleurs.

La deuxième moitié de cette boucle se jour au moral : plus de jambes, et puis mes camarades Zeb et Patate ont mystérieusement disparus (les coureurs derrière moi depuis un moment n’étaient pas eux !). Je suis seul. Plus qu’une seule idée en tête finir et en finir. La décision est déjà prise, il n’y aura pas de troisième boucle, même si cette dernière est roulante. Sur les 3 derniers km, Zeb et Patate me rejoignent avec d’autres coureurs. Eux vont continuer, au courage, car pas au mieux non plus Bravo les garçons, on fera connaissance plus longuement au Trail de Paris.

Boucle 3 – sous la douche

Arrivée au ravito : abandon sans coup férir. Même si je suis dans la barrière horaire, avec le droit de continuer, je décroche et rend mon dossard sans même hésiter une seconde. Finalement très satisfait de cross hivernal de 50km.

Epilogue

63 finishers sur les quelques 170 partants, c’est une hécatombe. Mais plutôt normal. La course est dure en soit, les conditions météos, et souvent un manque de préparation du au repos hivernal. Les héros du jour sont Val, Jérôme, Zeb, Patate, Berunner, Kic, …).

J’ai très envie de revenir, car le génial inventeur et organisateur de cette course – PhilGrizly alias Philippe Clement – vient d’inventer un nouveau concept et catégorie de course : après les courses de circadiens, les ultra-trails, les courses à étapes, l’Ultra-Cross vient de naître. J'ai tout simplement a-do-ré. Il faut allier toutes les qualités : durer, changement de rythmes, sens inné de la glisse, concentration sur le chemin à suivre, travail en groupe en mode suiveur ou leader, travail des appuis, et enfin créativité pour trouver le bon moyen d'avancer par endroit.

Merci aux nombreux volontaires de Perray en Yvelines pour cette belle organisation loin d’être évidente, vos sourires, vos encouragements. Encore une belle fête de l’ultra-fond, qui avec de telles conditions, ne va pas tarder à être mythique et un rendez vous hivernal in-con-tour-na-ble.

dimanche, décembre 02, 2007

24h d’Arcueil– 6/7 octobre 2007

Venir mourir dans l’embut
134km – 21° sur 36 participants

Le site du magnifique organisateur : Philippe Emonière
Crédit Photos (quasi toutes) : L'Castor Junior (Cédric Charvin)


Préambule

Lors de la Fortish’Off, nous avons eu une discussion avec Patrick Raillere (Patrak) sur ce qui était pour moi une découverte : les circadiens. Tourner en rond pendant 24, 48h, ou 6 jours d’affilés me semblait une réelle incongruité. Et pourtant lui aimé autant ça que la montagne. Alors pourquoi pas. Je veux savoir ce que ressente ces coureurs et ce qu’ils y trouvent. Je subodore qu’ils y trouvent ce qu’un prêtre habitué aux somptueuses églises romanes peut trouver en allant prier dans une grotte pendant un mois. L’ascétisme de la course à pied, à comparer aux fastes de la montagne (lumières, odeurs, paysages).

En 2006 je m’étais pointé à Saint Doulchard pour mon premier 24h en touriste : pas de préparation spécifique, fatigué de ma première saison en ultra-fond (démarrée en sept 2005 avec les 100km de Millau et terminée en Oct 2006 avec St Doulchard), pas de stratégie dédiée aux 24h. Résultat : des jambes en bois dés la première heure et abandon au bout de 6h avec 55km au compteur et impossible de marcher normalement.

Alors au programme de la saison 2007, il y avait deux objectifs : finir l’UTMB et faire un 24h en mettant toutes les chances de mon côté.

J’avais constaté que la forme de l’UTMB (accumulation de foncier durant l’été) tenait environ un mois avant de se transformer en une énorme fatigue sonnant l’heure d’une période de repos de deux mois. Arcueil est exactement 5 semaines après, ca doit passer.

Ensuite l’entrainement. Suivant l’exemple de Patrak (3° et près de 204km à St Fons en 2007), je décide faire du volume. Après 10 jours de repos complet suivant l’UTMB, je programme un entrainement suicide (ca passe ou ca casse) avec 140/160km par semaine. 1h le matin, 1h30 le soir, et week end avec 2h30/3h. Seule la deuxième semaine ne sera pas respectée pour cause d’enfoncement du cartilage inter costal à mon premier match amical de rugby de la saison.

Enfin la stratégie de course. Ne pas s’arrêter, rester sur la piste coûte que coûte, c’est ce que je retiens de la stratégie gagnante des performers de la discipline. Donc pour ça une assistance qui prépare et fournit ce dont le coureur a besoin (nourriture, vêtements, etc …). Mon père Georges (Géo) accepte la mission, et s’en acquittera également pour Philippe Billard (Phil). Nourriture, faire simple : pain d’épice maison, riz blanc avec sauce japonaise sucrée et crème de marron. Le reste (soupe, pates) sera de toute façon fourni par le ravito de l’organisation.

La course

Avec un départ à 11h du matin, les premières s’enchainent comme des perles, avec un rythme parfait et régulier de 10km/h, naviguant de la 7° à la 8° place. L’assistance de Géo est parfaite, et comme le dit Phil, on lui doit beaucoup de km. A chaque fois que je passe Manu, il me dit qu’on verra bien à la 12° heure. Tient pourquoi 12 ? RunSteph a toujours le bon mot qui va bien, bref tout roule.


79km à la 8°heure, 87 à la 9°heure, 94 à la 10°. Vers 21h le match France/New Zealand commence sur l’écran géant mis en place par l’organisation. J’ai un peu de mal à l’apprécier. Dommage, surement le plus bel exploit des bleus pendant cette coupe du monde. Avec une stratégie de 1 tour marché par heure les 6 premières heures, puis 2 tours les 6 heures suivantes, ca fonctionne. Et pourtant une vieille douleur commence à ressortir : le tendon du releveur qui m’avait fait tant souffrir au off des 15 Lacs en juin dernier. En l’espace d’une heure tout se dégrade. En plus les cuisses deviennent dures. Je décide d’aller me faire masser au passage des 100km. Le 100kil passe en 10h45. Le massage est agréable, mais lorsque je ressors, j’ai très froid, et la remise en route est terrible pour les muscles. Je refais quelques tours et ce tendon qui ne me lâche pas. Je refais 6km, et décide d’aller reposer la machine une heure.


A la 13° heure de course, je me lève et retourne sur la piste. Je suis 13° avec 106km au compteur qui ne bouge plus. Il fait nuit, il fait froid, et j’i toujours très mal. Envie de performance oui, mais pas de me blesser. En juin il m’a fallu plus d’un mois sans rien faire pour retrouver une course normal. Galère.

Je continue à tourner comme je peux avec le soutien de Géo, toujours impeccable. Egalement celui de tous les bénévoles avec qui nous partageons la nuit, le froid, le temps qui passe. Jusqu’à la 15°h, où je passe avec seulement 120km. L’espoir d’atteindre les 180kil sont définitivement anéanties, alors je pense sécurité. Inutile de me torturer et de me blesser. Je vais rejoindre les vestiaires, un matelas, et me réveiller … quand je me réveillerai ! Au petit matin, le vestiaire (en fait les douches du gymnase) est plein d’UFO : Sylvain (GGO), Sandrine, Phil, … que du beau monde.

Il est 8h du matin, 21h de course. Après une nuit de 6h, le jour est levé. J’ai toujours aussi mal en courant. Alors je repars en marchant, doucement, pour dire de terminer ce 24h, avec les survivants de la nuit. RunSteph (Stéphane Marchand) fait partie de ces courageux. Alors je fais des tours en papotant avec qui veut. Nous nous regroupons. On harangue des coureurs arrêtés aux stands pour qu’ils viennent marcher avec nous. 14km de plus 3h.

Epilogue

Finalement l’objectif n’est toujours pas tenu. Je ne suis pas vraiment sur d’apprécier à la juste valeur ces courses de circadien. De plus je n’ai toujours pas reçu cette grâce que doivent y trouver ces magnifiques coureurs de 24h, 6jours et plus.

Et pourtant que la fête a été belle : des bénévoles tous souriants et disponibles pendant 24h, sur la piste tous les coureurs sont des amis et non des concurrents, le match de rugby, et une météo superbe. Que demander de plus ? On s’est bien amusé avant la course en se chambrant sur nos objectifs, pendant avec des stratégies étonnantes (grandes siestes, sprints mémorables de RunSteph et GGO au petit matin). Et Gérard Dehu magnifique V4 avec 108km. Les visites de tous ces UFO qui se sont succédés pour nous encourager : Damien Lebas, Val, Oliv91 et Alice avec la désormais fameuse salade et ses tomates (cf. Le Off du Mt Joly), et j’en oublie.

Un seul bémol : le retour en moto : pas terrible après un 24h, et ce n’est pas Ysolo qui va me contredire, n’est ce pas ?

Tel un ballon de rugby tapé un peu fort par un aillié présomptueux, je suis allez mourir par de petits rebonds dans l’embut des mes ambitions, Alors que faire : surement revenir. Mais en coureur ou en assistance / bénévole ?

Merci Philippe pour ce grand rendez vous circadien.