dimanche, mai 04, 2008

L’Annecime - Oui William, j’ai été arrogant !

3 mai 2008 - départ à 3h30 !
80km – 4.600D+ (5.600 selon l’organisation)
272 inscrits en solo (relais à 2 et 4 coureurs également possible)
35° / 198 finishers

Photos
La vidéo

Crêt de Chatillon – 20km: 2h10
Lathuile – 40km: 5h20
Bluffy – 65km: 10h

Annecy – 80km: 13h16

William c’est un jeune coureur d’une vingtaine d’années, qui faisait sa première course trail en relais 2 coureurs. Je le double dans la montée du col de la Forclaz, et il me rattrape dans la descente vers Bluffy après mon plus monstrueux – mais pas le seul – coup de barre de la journée. On papote gentiment, grâce à lui je cesse de trop penser au désastre en cours, on accélère doucement, et finalement, contre toute attente, au ravitaillement de Bluffy la machine à courir repart.

Durant notre échange on se raconte un peu nos vies et notre course. Et quand je lui raconte ma déroute du jour, William à le mot dur mais juste : « tu n’aurais pas été un peu arrogant ? » Oups, plein dans le mille.

Et oui, à peine trois ans d’ultra depuis les 100km de Millau et la Fortish’Off qui auront été mes sorties initiatiques. Et déjà plein de suffisance. Croire que parce qu’on a pu s’enquiller les 163km de l’UTMB, des courses ne représentant « que » la moitié peuvent se gérer à la volée. Et bien non.

Cette Annecime c’est mon premier trail montagne de l’année. J’en avais vraiment envie. J’en avais besoin. Emu de venir comme pour une rentrée des classes, après une hivernale tournée principalement vers les skis de fond et rando. Retrouver les anciens copains, en découvrir de nouveau, et puis voir ce que l’on donne en conditions réelles. Retrouver l’émerveillement aux sommets, les plaisirs des descentes tout en appuis légers, la gestion du corps. Et bien malgré tout, je m’y suis pointé en touriste. Je prends le train le vendredi soir et arrive à 22h chez Jacques74 qui m’accueille gentiment chez lui pour la nuit avec Koko, pour une course qui démarre le lendemain matin 3h30. Deux sandwich SNCF et une pomme pour tout repas la veille au soir. Et au petit dej le matin je ne prévois … rien. Heureusement Jacques me recommande chaudement une mixture à lui. L’arrogance rend bête et imprévoyant.

Résultat, après les 20 premiers kilomètres de rêve où je me situe avec un petit groupe de 4 coureurs dans les 10 premiers, un coup d’hypoglycémie violent me stop dans mon élan à la fin de la première grosse montée (1200D+), en arrivant au Crêt de Chatillon, juste avant le premier ravito. Du 20° au 30°, j’essaye de la gérer, en me mettant volontairement en dedans, et en mangeant tout ce que je peux. Et puis ca repart tout doucement. A nouveau je me stabilise dans le classement. Petite déception au ravitaillement du 40° km à Lathuile, mon sac qui devait m’attendre avec mon sandwich n’est pas là. Il me manque. Et bing, vers la fin de la dure montée vers le Rocher du Roux, énormissime-re-gros-coup d’hypo. Cette fois ci les jambes sont toutes molles. Stef me passe en me chambrant amicalement sur mon rapide départ (j’y reviens). Je subis. Dur et interminable traversée dans la neige pour rejoindre Col des Frêtes. Je tombe à plusieurs reprises. A genoux dans neige, je maudis ma bêtise. Arrivée au col je ne suis que l’ombre de moi-même. Je n’ai même plus d’eau pour redescendre les 800D- vers le ravito de Bluffy. Je commence la descente. C’est très raide, il y a des cordes et ca glisse. Je n’y arrive plus. La vue est magnifique sur le lac. Je m’allonge dans la pente et sur le chemin, obligeant les coureurs suivants à me chevaucher. 20 minutes, en mangeant, à attendre que mes jambes veuillent bien retravailler pour moi. Et puis me laisser glisser vers Bluffy, et abandonner … J’entame à nouveau la descente, en marchant tout doucement. Quelques coureurs me doublent, très espacés. Et puis voilà William. Et au fur et à mesure que l’espoir revient en discutant, je pense à ce drapeau UFO que j’ai accroché à mon porte-gourde. Ce fanion que chaque coureur a à cœur d’amener au bout de l’épreuve, qui passe de course en course, symbole de notre sport, d’amitiés, de partage, de volonté. Et puis je ne suis pas en risque physique, comme pour un coup de chaleur (comme sur mes UTMB2006 et Raid Dentelles Ventoux 2007), ni blessé. Tant pis si je mets 20h, en marchant, et en m’arrêtant. Ma conviction est faîte, j’enclenche l’objectif n°2 : finir. Si je suis devenu bête et arrogant, au moins que l’on me reconnaisse (que JE me reconnaisse ?) l’opiniâtreté et la volonté. Les 15 derniers kilomètres seront à l’image des 20 premiers, bien. La corniche du Mont-Veyrier est absolument interminable, car à ce stade on a qu’une envie, plonger enfin sur Annecy. Mais c’est super beau, avec une vue magnifique sur le lac et toute la vallée d’Annecy. Les 800D- vers Annecy sont un régal, à tombeau ouvert. A l’arrivée, je relance un relayeur le long du lac qui finit en marchant. Ca m’aide aussi d’avoir un compagnon sur cette dernière ligne droite. Tapis rouge pour l’arrivée. Yes, 13h et des brouettes et Stef pour m’accueillir. Que rêver de mieux ? De Cimes ? Merci William pour cette belle leçon et bonne continuation dans le trail !

L’Annecime est définitivement une très belle course. Très variée, avec quatre grandes montées, des descentes vertigineuses, des passages très techniques dans la boue, la neige, et sur les cailloux. Peu de ravitaillement (trois), il faut donc savoir être autonome. J’ai régulièrement manqué personnellement d’un peu d’eau. En revanche chaque ravito est très largement fourni.

Je reviens sur le chambrage de Stef et mon départ rapide. Pas mal d’UFO qui me connaissent pensent que je fais une erreur en partant vite. Effectivement ca me joue quelques fois des tours. Mais ma philosophie, c’est que si je fais des courses, c’est aussi pour voir ce que le Steph il a dans le ventre. Sinon on fait des Off, ce que je fais aussi régulièrement, et c’est une autre façon de courir. Pour faire une perf, il ne faut pas être tranquille, mais se mettre volontairement au-dessus des sa zone de confort. Ca a parfaitement fonctionné par exemple au Trail des Aiguilles Rouges 2007, ou à l’Eco-Trail de Paris en février dernier. C’est ce qui me fera progresser, et me donnera confiance, quand ca passera plus régulièrement.

La leçon de l’Annecime, c’est que l’expérience ne doit pas me faire négliger la préparation, même des choses les plus minimes. Tout compte. Rester humble. La bonne nouvelle, c’est que mon corps est parfaitement prêt pour cette saison. Les jambes ont parfaitement répondus, le cardio est au poil pour suivre les pelotons de tête. Cette Annecime je dois pourvoir la gérer en moins de 12h. On verra ca en 2009 !

Le prochain objectif est ma revanche sur le Raid Dentelles Ventoux, et sa chaleur après le Ventoux au retour vers Gigondas.