jeudi, juin 25, 2009

UTMB/\BMTU - en quête du bon sens

13/14 juin 2009
Parcours UTMB à l'envers - environ 150km et 9.000D+ en non-stop et en autonomie - 40h

Guests
Janne Marin - Finlandais - Finisher UTMB en environ 36h
Basile Carle - Français - première fois au-dessus de 100km, raideur et trailer

Ca faisait un petit moment que je rêvais de faire ce fameux parcours du Tour du Mont-Blanc dans l'autre sens. Mais c'est quoi le sens du TMB ? Est ce que ça un sens de définir le sens d'un tour de montagne ? Et bien oui, puisque c'est celui indiqué dans le topoguide, celui aussi balisé chaque année par le plus grand ultra-trail d'Europe. Alors pourquoi changer le sens de ce qui fait le plus communément sens ? Pour redécouvrir ce qui semblait définitivement acquis, se remettre en question sur ce parcours connu et reconnu.

Mais alors quels sont les sens qui ont donné envie à mes compagnons de route de venir faire contre-sens ?

Basile j'avais fait sa connaissance lors du Raid EDHEC le mois précédent. Il faut dire qu'il avait mené son équipe à la première place, et qu'il m'avait fait une belle impression avec son allure nonchalante hyper efficace. Un raid en Atlas annulé, et hop il me contacte via Facebook pour réaliser son premier trail au-delà de 100km.
Janne (prononcer "ianné") lui m'a directement contacté par internet en voyant ma proposition de changer le sens et choisi alors d'inclure le BMTU dans sa préparation à la Montagn'Hard, une course qui elle n'a vraiment aucun sens !

Le trio se forme et fait connaissance le vendredi soir et après un rapide diner, nous partons à 20h de la Place du Triangle direction Flégère. Tout le monde semble à l'aise, et avoir un rythme équivalent. Ouf, ca va bien se passer. En redescendant vers le Col des Montet nous bousculons presque des troupeaux de chamois. La nuit tombe. Afin d'aviter l'ennuie de Vallorcine, j'ai décidé une variante en montant via le Col des Posettes en passant par le Col de Balme qui se grimpe rapidement. En revanche à la vue des névés déjà trés présents à 2000m, il va me falloir abandonner l'idée de franchir la Fenêtre d'Arpette, trop dangereux sur la neige gelée de nuit. Long détour par Bovine, où avec Janne nous nous faisons le réflexion que c'est tout de même plus agréable à monter qu'à descendre. Le bénéfice de le retourner dans tous ses sens !

C'est au lever du jour que nous entamons la plus ennyeuse des parties, et ce quelqu'en soit le sens : de Praz de Fort vers La Fouly. Heureusement l'idée d'un petit déjeuner dans un hotel nous motive. Mais à La Fouly tout semble fermé : un non-sens ! Heureusement un couple de VTTistes avec qui nous échangeons quelques mots revient sur ses pas pour nous indiquer une auberge ouverte. Trop sympa les Suisses !

Le ventre plein et les sens aiguisés nous entamons la montée vers le Grand Col Ferret via le sentier en n'omettant pas de prendre une photo avec la grande banderole de l'UTMB au refuge du Peule. Le final se fait dans les névés avant d'attaquer la descente vers Arnuva qui nous montre ô combien terrible elle est à l'ascension. On croise Natlya et Jean-Claude Marmet (vous savez le Colonel qui vous fait peur en parlant sécurité au départ de l'UTMB !) en reco pour la PTL. Sur un des nombreux névés à traverser je me fais une belle frayeur en glissant sur 50m en direction de rochers et de la rivière. Le planté de bâton ne suffisant pas, ce sont mes mains qui feront office de piolet.

A Arnuva nous croisons un groupe de trailers à contre-sens mené par François - des Bauges - Castel menant son groupe en véritable gourou du mental. Une pause bienvenue avant l'ascension vers Bonatti, le refuge five stars qui nous fait déjà saliver vu qu'on doit y arriver vers 12h30 ! Bertone n'est qu'une formalité et la descente vers Courmayeur est l'occasion de filer à batons rompus avec Basile qui démontre de superbes qualités de descendeur.

En revanche Courmayeur est une véritable étuve qui met nos sens sans dessus dessous. Basile propose une pause de 15' à l'ombre de petites ruelles juste avant d'attaquer la trés rude montée vers refuge Vieille Chécruit. Adopté à l'unanimité !
Et nous en avions bien besoin tellement la chaleur et la pente nous assomment. Nous relancons bien sur le Mont Chécruit, la descente vers le Lac Combel est également menée bon train. Le soir tombe sur l'ascension régulière du Col de Seigne, et s'abat sur nous au village des Glaciers. Je me souviendrais encore longtemps de cette descente où rapidement mes sens et notamment le 6eme du trailer m'ont envahis : les pieds trouvent instantanément les appuis, la foulée est souple et rapide, et ce même sans frontale dans la nuit tombante. Aucune fatigue des quadriceps, bref une vague de bien être totale. Et les camarades suivent toujours aussi bien et facilement : quelle communion !

Seconde variante après le diner improvisé à base de Tipiak et de mélange peanuts/bretzel : le Col des Fours. Un long sentier 4x4 impossible à couper de nuit nous amène sur le sentier fait de cailloux. Moi seul connait ce passage, et il me faut une concentration et tous mes sens en éveille pour ne pas perdre la trace. Le sentier ne cesse de ressemble à un lit de rivière tant il y a d'eau, et ça se complique sérieusement lorsque nous devons traverser les névés. Les Cairn sont difficiles à repérer. Il nous faudra près de 2h pour grimper à 2.600m. Sur le sommet une erreur volontaire sur la gauche me permet de rapidement retrouver le col. Mais le plus dur reste à venir. En effet la descente vers le Col du Bonhomme puis le refuge de la Balme me semble interminable. Les névés sont gelés et nous font craindre la chute. Je chute sans gravité mais avec une belle peur et un bâton cassé dans un lit de rivière. Au refuge de la Balme nous sommes épuisés par la tension et la concentration. Il est 4h du matin, et nous demandons au gardien du refuge réveillé par notre arrivée l'autorisation de dormir 1h. Refus ! "Vous faites le parcours de l'UTMB ? Et bien continuez !". Un haut savoyard qui sait donner du sens au mot refuge ... no comment ! Nous décidons d'aller jusqu'à l'église de Notre Dame des Gorges, et trouvons refuge sur le côté. Nous nous enroulons dans nos couvertures de survie en claquant des dents ... et nous réveillons à 5h en claquant des dents. Il me faudra plus d'une heure en courant pour que ma machoire cesse de s'entrechoquer.

Le jour se lève sur les Contamines, nous décidons de faire le parcours de l'UTMB jusqu'en 2006 via le Col de Voza, et de redescendre par le sentier et non la piste 4x4. Ce sentier est désormais une piste pour le VTT de descente qui nous amène directement aux Houches.

Décision collective et de bon sens : nous ne ferons pas les 8 derniers kilomètresde plat menant à Chamonix, nous en avons plein les sens, il est midi, et un bon burger/frites conclut le BMTU.


Dommage que les organisateurs de l'UTMB ne décide pas de changer le sens de cette course. la raison invoqué par Michel Poletti est la réorganisation complète de la course et des bénévoles dans les villages habitués aux horaires actuels. Du bon sens ?

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