Quand Etienne – El Presidente de mon club de rugby THS – m’annonce qu’il se marie je suis très content. Certainement mon empathie de commercial. Mais lorsqu’il évoque La Réunion pour lieu de la cérémonie, et que j’y suis convié, alors mon sang ne fait qu’un tour. Car pour nous autres UFO cette île évoque l’autre paradis de l’ultra-trail.
C’est ainsi qu’après quelques jours de plages, de fabuleuses festivités, et de belles ballades entre amis, j’entreprends de découvrir cette légende du trail. Au programme St Philippe – La Fournaise – Mare à Boue – Cilaos – Marlat – et un tour final dans Mafate. La dernière partie vers St Denis se sera la surprise du chef en … 2008 ?
Etape1: St Philippe-Bourg Murat, 12h, 50km, 2756D+, 1276D-
Après une nuit passée dans une très belle maison d’hôte en bord de mer à St Philippe, la région d’impressionnantes coulée de lave – la dernière date de 2004 ! – départ à 6h sur la route en direction du chemin de départ du GRR à environ 1,5km. Le sentier botanique me plonge directement dans une végétation dense et dans une atmosphère chaude et humide qui m’oblige à beaucoup boire. S’en suit un long chemin sur une même courbe de niveau à 750m avec de nombreuses rivières à traverser. Malheureusement l’ouragan a balayé les ponts en bois, et la vitesse de progression n’est pas terrible à glisser sur les cailloux dans un équilibre précaire. Ca commence fort. Le volcan de La Fournaise étant à 2400m, il reste du taff et j’ai déjà mis 3h pour à peine moins du tiers du dénivelé. 
La longue montée vers le volcan permet de traverser une forêt de bois de couleurs, et en me retournant j’aperçois la mer qui s’allonge de plus en plus. Arrivée sur les bords du volcan en longeant les remparts avec une vue imprenable sur les cratères entouré de soufre. Et plus d’eau, sauf dans l’atmosphère avec une bruine bretonne. Quelques km plus loins, et après 7h50, je décide d’un détour de 3km pour une première pause au gite du volcan. 
Miam, au menu un Carri – plat très local composé de riz, d’un grain (fayots, …), et d’une viande ou poisson – et ca ne fait que 6 jours que j’en mange sans me lasser… enfin presque. Je repars dans la Plaine des Sables – un désert de lave très roulant – pour arriver sur l’éden des Bésaltes, une sorte d’oasis de début de forêt exubérante avec des couleurs éclatantes. Passage par l’oratoire Sainte Thérèse, puis long plongeon autour de différents pitons, puis des terres à vache à n’en plus finir. Tiens maintenant il pleut … et ca ne fait que commencer. Arrivée sur la N3, direction l’hôtel à Bourg-Murlat. Pas cher et sympa. Menu ? Ben Carri voyons ! Je lave mes affaires, et comme il va pleuvoir toute la nuit …
Etape2: Bourg Murat-Marlat, 12h05, 38km, 2673D+, 2621D-
… 5h50, je remet mes vêtements mouillés, très agréable ! Il tombe toujours des cordes. Je remonte la route pour rejoindre le sentier. La nuit seule ma frontale me sauve des automobilistes pressés. Après un chemin en béton, flic-floc, plus rien ne sert d’éviter la bouillasse. A la Mare à Boue, j’enjambe une barrière. Les chemins sont interdits – comme d’hab sur tous les sentiers empruntés jusqu’ici – à cause de l’ouragan Gamède. Plaine des Caffres, première rivière … toujours pas ponts 
… bof de toute façon suis déjà trempé, alors zou les pieds dans l’eau. S’ensuit une série de chemin écroulé et d’arbres déracinés en travers. Une progression plutôt lente s’engage. Au bout d’une heure, arrivée sur une route : pas prévu ca. Topo sur la carte. Oups, pas sur le bon chemin, j’ai pris une variante ch’ti plus longue, mais surtout pas du tout dégagé par les gars des eaux et forêts. Suis à mi-chemin, et je dois pouvoir rejoindre le GR2 plus loin. Ce qui va suivre va être le pire. Pendant presque 3h, et pour à peine 10km, je m’engage littéralement dans une jungle Birmane. Des torrents de boues qui dévalent les chemins, rampé sous les arbres en poussant le sac devant, perte du chemin, et des torrents à traverser à gué : pas rassurant du tout !
Epuisé moralement, je rejoins le GR2, et là c’est un vrai bonheur. Même si je continue une progressions dans la boue et l’eau, les chemins sont larges et dégagés, je peux tout de même relancer en courant dans ce qui ressemble de plus en plus à des bocages normands. 
Début de la descente vers Cilaos, et là miracle plus de boue, les petits cailloux absorbants l’humidité, mais place à une pente à 30% de folie. Plutôt ludique finalement. Mais je ne peux m’empêcher de penser aux premiers du GRR : bon sang comment font ils pour aller aussi vite sur ce genre de parcours !!!
Arrivée à Cilaos, je me jure bien d’écourter mon parcours du jour et de m’y arrêter. Enfin quand on croit y être arrivé, car en fait on débarque d’abord dans sa « banlieue », puis un gouffre doit être dévalé puis remonté pour atteindre la ville juste en face en visuel : dur !
Cilaos, enfin, premier snack au bord du lac, sandwich poulet et frites bien salées … miam.
Au bout de 30mn, regonflé à bloc, le beau temps faisant son apparition, et après un point topo pour évaluer la distance et les temps restants, me voilà en route pour le col du Taibit et Marlat.
Chemins très roulants, et montée régulière seront les bienvenus pour parcourir la même distance et plus de dénivelé que le matin, mais en 4h aul lieu de 7h !
Marlat – refuge chez Silvio Begue – 26 du demi GR, et abandon au 70°km en 8° position l’année dernière – du lourd ! – et on y mange très bien.
C’est les pieds en décomposition avancé que je me couche, en espérant du mieux pour le lendemain.
Etape3: Marlat-Grand Ilet, 12h13, approx 35km, 2538D+, 2909D-,
Bon ben les chaussettes c’est mouillé, le t-shirt itou, et le short idem. La Frontale, ha non, Cool ! Pour le troisième jour je m’écarte du GRR pour faire un tour sur Mafate, qui vaut vraiment le coup. Je rejoins Etienne au Col des Fours et nous partons pour une journée qui passera par La Nouvelle, Roche Plate et les Trois Roches. Tour à tour paysages du Mercantour (Rivière des Galets), Africains ( Plaine des Tamarins), ou Alpins (La Plaine aux Sables) se succèdent. 
Le franchissement par trois fois et à gué de la Rivière des Galets est plutôt agréable cette fois ci avec le beau temps. Mais avoir encore les pieds mouillées pour la 2° journée consécutive rendra tout de même la fin de parcours difficile, surtout avec cette longue descente interminable vers Grand Ilet sur la route qui ponctue le parcours. Et dire que l’on a prévu un canyoning le lendemain, houla la, fatigue ! La grande nouveauté c’est aussi de voir autant de randonneurs, les sentiers de Mafate étant eux pour la plupart ouverts.
Bilan
Des paysages somptueux, une végétation exubérante, des changements de climats incessants (300+ microclimats sur l’île), et un parcours sélectif. Bien moins roulant que l’UTMB, le GRR promet un beau combat, des relances au moral. Il va falloir soigner le physique et faire très attention à ne pas se blesser en gardant une grande vigilance. Ne surtout pas faire une règle de trois pour évaluer votre temps au GRR versus l’UTMB, gamelle assurée !
La suite en octobre 2008 !
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