mercredi, décembre 12, 2007

L’Origole – 9 décembre 2007 > L’Ultra-Cross hivernal

Site organisation
Abandon au 50°km – 167 participants

Préambule

Le rendez vous hivernal des ultra-trailers d’IdF. L’Origole n’a jamais si bien porté son nom. Son origine est le fait que l’on saute, enjambe, ou plonge dans de multiples ruisseaux tout au long du parcours. Il pleut depuis une semaine, et ce samedi n’est que tempête et pluie. Le départ à minuit ne fait qu’ajouter de la difficulté avec cette lutte permanente contre le sommeil que doit endurer chaque coureur.

Depuis deux mois, et après une saison riche en courses, je suis au repos course à pied, donc sans entrainement. Si mes huit kilo supplémentaires pris depuis début octobre me permettent d’aller percuter au raz plus efficacement, ils ne facilitent pas vraiment l’endurance et la récupération. Bref à part une coupe de cheveux toute neuve, ne pas s’attendre à une perf, plutôt à une sortie longue hivernale avec les potos UFO.

Des potos UFO, il y en a un paquet (une quinzaine je crois). Et ca fait drôlement plaisir de les revoir.

Au moment du départ, l’exercice de la tenue idoine fait débat : certains – comme Val (Valéry Caussarieu) choisissent le t-shirt manche courte et le short façon homme_fort_des_bois_ki_ne_craint_pas_l’eau, et d’autres – comme moi – qui optent pour la version ceinture_et_bretelles avec manches longues, veste gore tex, et pantalon ignifugé.

Boucle 1 – 2h34 – 26°

Minuit. Un départ bon enfant, on sent que personne ne se met trop la pression. On est là d’abord pour se faire plaisir avec une sortie longue. Les 71km et les 25km partent ensemble sur la même première boucle. Le danger est que ca accélère le rythme des 71.

On saute un nombre incalculable de petites rigoles, qui au lieu de faire 50cm de large, font plutôt entre 1 et 1,5m. Au début ca va, on a la forme, on se dit qu’à la fin on doit finir par plonger dedans ! Sur les chemins les pompes s’enfoncent dans la boue, et on se demande toujours si l’une d’elle ne va pas finir ses jours au fond d’un bourbier. En dépit d’un formidable balisage avec des rubalises tous les 3m, c’est un parcours à pièges. On suit un chemin, et tout à coup il faut prendre droit dans les arbres à 90°. Du coup quelques moments d’inattentions m’ont faire perdre le fil d’Ariane 2 à 3 fois. Avec une file de coureurs derrières qui suivent … Car je suis à la tête d’un groupe de coureurs du 25km, et ils sont chauds bouillant les bougres. Ce groupe sprint en vue de l’arrivée. Mes jambes commencent à connaître quelques lourdeurs (déjà !). Je finis cette boucle en 2h34 26° du 71kil, mais 17° du 25kil. En entrant dans le gymnase pour me ravitailler, je sais que je vais repartir, mais je me doute déjà que ca va être difficile avec les 1500m de dénivelé dans la glaise détrempée, et ma toute petite forme.

Boucle 2 – 6h59 – 51°

Cette fois ca monte … et ca descend, en fait ca glisse surtout (sur tout) et partout.

Au début de la seconde boucle, Zeb (Sébastien Baudry) et Patate (Noël Bizeul) (qui finiront ensemble 37° en 10h17) me rattrapent juste avant Auffargis (dans la section après les étangs), "section roulante". Ils tirent droit dans Auffargis. Je vois vite, car l’expérience des mes loupés de la 1ere boucle commence à rentrer, que les rubalises ne sont plus là. Je reviens vite en arrière, et effectivement il faut tirer à droite dans une allée qui annonce la couleur, ce grimpe !
Ensuite les premiers toboggans arrivent. Noël et Zeb m’ont rejoins à nouveau. Je tente bien d'entrer en contact en leur demandant leurs noms. Ils répondent mais je sens bien qu’il ne va pas falloir les emmerder trop longtemps avec ma prose si je veux rester avec eux. Et ca me fais du bien d’être avec eux. Ils sont mieux que moi sur le roulant, je passe mieux dans les longues glissades et dans les fougères, bref tous les passages techniques. Et puis arrive Bombyx (Gaël Obein) qui arrive avec son bâton magique et nous double comme si de rien n'était. Je tente bien une petite vanne du genre « t’as paumé ton autre bâton ? », mais là aussi je n’ai droit qu’à un vague grognement en réponse. Je n’insiste pas. Et puis pshhhhit il disparait dans la faible lueur de sa frontale dans la jungle Birman.

Sur cette 2° boucle, au moins 10 chutes ! Dont ma première en montée, à quatre pates le nez dans la boue, essayant vainement de m’accrocher à des racines, ou cherchant le tapis de feuilles qui va aider. Epuisant. Le record de chutes des Aiguilles Rouges est explosé. Comme mon pantalon d’ailleurs.

La deuxième moitié de cette boucle se jour au moral : plus de jambes, et puis mes camarades Zeb et Patate ont mystérieusement disparus (les coureurs derrière moi depuis un moment n’étaient pas eux !). Je suis seul. Plus qu’une seule idée en tête finir et en finir. La décision est déjà prise, il n’y aura pas de troisième boucle, même si cette dernière est roulante. Sur les 3 derniers km, Zeb et Patate me rejoignent avec d’autres coureurs. Eux vont continuer, au courage, car pas au mieux non plus Bravo les garçons, on fera connaissance plus longuement au Trail de Paris.

Boucle 3 – sous la douche

Arrivée au ravito : abandon sans coup férir. Même si je suis dans la barrière horaire, avec le droit de continuer, je décroche et rend mon dossard sans même hésiter une seconde. Finalement très satisfait de cross hivernal de 50km.

Epilogue

63 finishers sur les quelques 170 partants, c’est une hécatombe. Mais plutôt normal. La course est dure en soit, les conditions météos, et souvent un manque de préparation du au repos hivernal. Les héros du jour sont Val, Jérôme, Zeb, Patate, Berunner, Kic, …).

J’ai très envie de revenir, car le génial inventeur et organisateur de cette course – PhilGrizly alias Philippe Clement – vient d’inventer un nouveau concept et catégorie de course : après les courses de circadiens, les ultra-trails, les courses à étapes, l’Ultra-Cross vient de naître. J'ai tout simplement a-do-ré. Il faut allier toutes les qualités : durer, changement de rythmes, sens inné de la glisse, concentration sur le chemin à suivre, travail en groupe en mode suiveur ou leader, travail des appuis, et enfin créativité pour trouver le bon moyen d'avancer par endroit.

Merci aux nombreux volontaires de Perray en Yvelines pour cette belle organisation loin d’être évidente, vos sourires, vos encouragements. Encore une belle fête de l’ultra-fond, qui avec de telles conditions, ne va pas tarder à être mythique et un rendez vous hivernal in-con-tour-na-ble.

dimanche, décembre 02, 2007

24h d’Arcueil– 6/7 octobre 2007

Venir mourir dans l’embut
134km – 21° sur 36 participants

Le site du magnifique organisateur : Philippe Emonière
Crédit Photos (quasi toutes) : L'Castor Junior (Cédric Charvin)


Préambule

Lors de la Fortish’Off, nous avons eu une discussion avec Patrick Raillere (Patrak) sur ce qui était pour moi une découverte : les circadiens. Tourner en rond pendant 24, 48h, ou 6 jours d’affilés me semblait une réelle incongruité. Et pourtant lui aimé autant ça que la montagne. Alors pourquoi pas. Je veux savoir ce que ressente ces coureurs et ce qu’ils y trouvent. Je subodore qu’ils y trouvent ce qu’un prêtre habitué aux somptueuses églises romanes peut trouver en allant prier dans une grotte pendant un mois. L’ascétisme de la course à pied, à comparer aux fastes de la montagne (lumières, odeurs, paysages).

En 2006 je m’étais pointé à Saint Doulchard pour mon premier 24h en touriste : pas de préparation spécifique, fatigué de ma première saison en ultra-fond (démarrée en sept 2005 avec les 100km de Millau et terminée en Oct 2006 avec St Doulchard), pas de stratégie dédiée aux 24h. Résultat : des jambes en bois dés la première heure et abandon au bout de 6h avec 55km au compteur et impossible de marcher normalement.

Alors au programme de la saison 2007, il y avait deux objectifs : finir l’UTMB et faire un 24h en mettant toutes les chances de mon côté.

J’avais constaté que la forme de l’UTMB (accumulation de foncier durant l’été) tenait environ un mois avant de se transformer en une énorme fatigue sonnant l’heure d’une période de repos de deux mois. Arcueil est exactement 5 semaines après, ca doit passer.

Ensuite l’entrainement. Suivant l’exemple de Patrak (3° et près de 204km à St Fons en 2007), je décide faire du volume. Après 10 jours de repos complet suivant l’UTMB, je programme un entrainement suicide (ca passe ou ca casse) avec 140/160km par semaine. 1h le matin, 1h30 le soir, et week end avec 2h30/3h. Seule la deuxième semaine ne sera pas respectée pour cause d’enfoncement du cartilage inter costal à mon premier match amical de rugby de la saison.

Enfin la stratégie de course. Ne pas s’arrêter, rester sur la piste coûte que coûte, c’est ce que je retiens de la stratégie gagnante des performers de la discipline. Donc pour ça une assistance qui prépare et fournit ce dont le coureur a besoin (nourriture, vêtements, etc …). Mon père Georges (Géo) accepte la mission, et s’en acquittera également pour Philippe Billard (Phil). Nourriture, faire simple : pain d’épice maison, riz blanc avec sauce japonaise sucrée et crème de marron. Le reste (soupe, pates) sera de toute façon fourni par le ravito de l’organisation.

La course

Avec un départ à 11h du matin, les premières s’enchainent comme des perles, avec un rythme parfait et régulier de 10km/h, naviguant de la 7° à la 8° place. L’assistance de Géo est parfaite, et comme le dit Phil, on lui doit beaucoup de km. A chaque fois que je passe Manu, il me dit qu’on verra bien à la 12° heure. Tient pourquoi 12 ? RunSteph a toujours le bon mot qui va bien, bref tout roule.


79km à la 8°heure, 87 à la 9°heure, 94 à la 10°. Vers 21h le match France/New Zealand commence sur l’écran géant mis en place par l’organisation. J’ai un peu de mal à l’apprécier. Dommage, surement le plus bel exploit des bleus pendant cette coupe du monde. Avec une stratégie de 1 tour marché par heure les 6 premières heures, puis 2 tours les 6 heures suivantes, ca fonctionne. Et pourtant une vieille douleur commence à ressortir : le tendon du releveur qui m’avait fait tant souffrir au off des 15 Lacs en juin dernier. En l’espace d’une heure tout se dégrade. En plus les cuisses deviennent dures. Je décide d’aller me faire masser au passage des 100km. Le 100kil passe en 10h45. Le massage est agréable, mais lorsque je ressors, j’ai très froid, et la remise en route est terrible pour les muscles. Je refais quelques tours et ce tendon qui ne me lâche pas. Je refais 6km, et décide d’aller reposer la machine une heure.


A la 13° heure de course, je me lève et retourne sur la piste. Je suis 13° avec 106km au compteur qui ne bouge plus. Il fait nuit, il fait froid, et j’i toujours très mal. Envie de performance oui, mais pas de me blesser. En juin il m’a fallu plus d’un mois sans rien faire pour retrouver une course normal. Galère.

Je continue à tourner comme je peux avec le soutien de Géo, toujours impeccable. Egalement celui de tous les bénévoles avec qui nous partageons la nuit, le froid, le temps qui passe. Jusqu’à la 15°h, où je passe avec seulement 120km. L’espoir d’atteindre les 180kil sont définitivement anéanties, alors je pense sécurité. Inutile de me torturer et de me blesser. Je vais rejoindre les vestiaires, un matelas, et me réveiller … quand je me réveillerai ! Au petit matin, le vestiaire (en fait les douches du gymnase) est plein d’UFO : Sylvain (GGO), Sandrine, Phil, … que du beau monde.

Il est 8h du matin, 21h de course. Après une nuit de 6h, le jour est levé. J’ai toujours aussi mal en courant. Alors je repars en marchant, doucement, pour dire de terminer ce 24h, avec les survivants de la nuit. RunSteph (Stéphane Marchand) fait partie de ces courageux. Alors je fais des tours en papotant avec qui veut. Nous nous regroupons. On harangue des coureurs arrêtés aux stands pour qu’ils viennent marcher avec nous. 14km de plus 3h.

Epilogue

Finalement l’objectif n’est toujours pas tenu. Je ne suis pas vraiment sur d’apprécier à la juste valeur ces courses de circadien. De plus je n’ai toujours pas reçu cette grâce que doivent y trouver ces magnifiques coureurs de 24h, 6jours et plus.

Et pourtant que la fête a été belle : des bénévoles tous souriants et disponibles pendant 24h, sur la piste tous les coureurs sont des amis et non des concurrents, le match de rugby, et une météo superbe. Que demander de plus ? On s’est bien amusé avant la course en se chambrant sur nos objectifs, pendant avec des stratégies étonnantes (grandes siestes, sprints mémorables de RunSteph et GGO au petit matin). Et Gérard Dehu magnifique V4 avec 108km. Les visites de tous ces UFO qui se sont succédés pour nous encourager : Damien Lebas, Val, Oliv91 et Alice avec la désormais fameuse salade et ses tomates (cf. Le Off du Mt Joly), et j’en oublie.

Un seul bémol : le retour en moto : pas terrible après un 24h, et ce n’est pas Ysolo qui va me contredire, n’est ce pas ?

Tel un ballon de rugby tapé un peu fort par un aillié présomptueux, je suis allez mourir par de petits rebonds dans l’embut des mes ambitions, Alors que faire : surement revenir. Mais en coureur ou en assistance / bénévole ?

Merci Philippe pour ce grand rendez vous circadien.


mardi, octobre 02, 2007

Trail Les Aiguilles Rouges - Une première édition dantesque

29 septembre 2007
8h41mn - 49km - 3500D+
51° / 400 partants

Photos
.kml Google Earth

Matériel
Batons : oui
Chaussures : Lafuma Active Trail Pro
Vêtements : Maillot manche longue, short et collant, veste Gore Tex
Sac : Sacs : CAMP MPack Trail Pro 20l + Porte Gourde sur bretelle + Sac à eau 1,5l (entre 2 et 3kg)
Aliments : Pate d’Amande- Cacahouètes – Crème de marron + ravitaillements course (essentiellement barres céréales et coca/eau)

Prélude

En Septembre 2006, le CMBM (club de trail/CAP de Chamonix) organise une reco de ce qui pourrait être le futur tracé du 1er trail des Aiguilles Rouges, avec pour parrains Vincent Delebarre et Dawa Sherpa. Ce jour là j’ai mis une crois sur mon calendrier de septembre 2007.

En 2007, j’ai deux objectif principaux : finir l’UTMB et assurer une première marque sur un 24h (en l’occurrence celui d’Arcueil les 6/7 octobre). Ce trail est donc positionné sur le calendrier comme une sortie longue d’entrainement qui rompra un peu la monotonie des sorties Parisiennes de l’entrainement 24h (matin et soir sur trois semaines, environ 140km par semaine).

J-1

Le matin petit footing de 1h10 entre Cham et Montenvers pour respecter le programme 24h.

Le briefing ayant lieu à 18h30, je décide de prendre mon dossard à Servoz vers 17h30. Sur le rond-point qui m’amène à la route national, une voiture me passe devant avec Dawa sur le siège passager : un heureux présage me dis-je. A Servoz je croise le trio de choc des Pasta Party de Saint Nicolas : Olivier Tribondeau (Oliv91), Olivier ? (Oliv74), et Fabrice (Jongieulan). Comme ils ont un apéro à prendre (avant l’heure c’est pas l’heure, après …), ils me demandent de leur faire un CR du briefing. Ca promet, rires !

Au briefing, Michel Poletti et les membres du CMBM nous annoncent un nouveau parcours à cause de la neige : présence à partir de 1800 et 40cm à 2500m. Donc annulation du Brévent, L’Index et Lac Blanc. En revanche, ajout de l’Aiguillette des Posettes. Calculé vite fait par Michel, 2km en moins (49 au lieu de 51) et même dénivelé (3500D+). Michel nous précise qu’il est inutile d’essayer d’éviter de mettre les pieds dans la boue vers le reuge d’Anterne. Ambiance.

Jour J

Levé 2h50 pour rejoindre la navette bus à Chamonix mise en place par la course pour nous amener à Servoz (et nous ramener de Vallorcine). Le diner de la veille avec mon ami Laurent Allard et son épouse Sabah (nous étions dans le même club de ski de fond lorsque nous étions ado – l’APAV) ne se fait pas trop sentir. A Servoz, le bus arrive vers 4h. Le départ étant à 5h, l’attente est un peu longue. Arrivent les Oliv’s et Fab. Oliv91 me montre ses nouveaux bâtons en carbone (pour remplacer ceux cassés à l’UTMB), et c’est vrai qu’ils sont sacrément léger, presque trop … A la demande de l’organisation nous nous dirigeons vers le départ. Il pleut, mais la météo est annoncée plutôt clémente dans la journée. J’hésite : j’ai un tshirt manche longue assez chaud (pour le ski de fond/rando) et ma veste GoreTex, alors dois-je garder la veste ou non ? Je garde, de toute façon en haut elle sera nécessaire, au moins le matin.

Servoz-Refuge d’Anterne – 2h – 40°

Le départ nous fait faire une boucle autour de Servoz qui permet d’étirer le peloton des 400 coureurs. Plutôt pas mal, avec un sentier en forêt très sympa. Je voulais partir lentement pour cette sortie longue vue comme un entrainement sans objectifs de performance, mais Oliv91 m’entraine à un bon rythme sur le début. Sur le sentier je continue sur ma lancée et double une poignée de coureurs mal à l’aise avec la nuit et la boue. En passant le pont au dessus du Souay, nous entamons la longue montée vers le refuge d’Anterne. Certains enlèvent leur vêtement de pluie. Trop tôt à mon avis. Le rythme des coureurs autour de moi est plutôt rapide. J’ai décidé de courir sans regarder ma montre (heure et alti) sauf sur les cinq points clés (Anterne, Plan Praz, Flégère, Montets, Posettes), mais ca doit bien faire du 800D+/h. Pour soulager les cuisses bien fatiguées par l’entrainement 24h, je décide de bien allonger le pas, en poussant bien dur les orteils. Efficace, faut que j’y pense plus souvent en course. En cours de montée, je commence à avoir très faim, je sens l’hypoglycémie arriver. Pourtant je ne prend pas la décison de manger, estimant l’arrivée au refuge pour bientôt. Au bout d’environ 1h30 nous sortons de la forêt. Il pleut toujours. Le terrain se fait marécageux (Lac de Pormenaz ), et sur le sentier mono-trace, impossible de ne pas plonger le pied dans la boue et l’eau glacée. Rapidement j’ai les pieds congelés. Sur ce terrain difficile je double encore une dizaine de coureurs, dont un en me prenant une grosse gamèle en ripant dans la boue en descente. Puis je devine que nous arrivons bientôt au refuge, signifiant le début d’une longue descente. Au refuge on m’annonce 40°, je suis étonné mais ravi. Je rempli ma gourde et mange 2 carreaux de chocolat. Ma stratégie ravito est tirée de mon expérience UTMB : remplir la poche à eau le moins souvent possible parce que perte de temps et d’énergie (ici je la remplirais aux ¾ soit environ 1l au départ et je n’y touche plus ensuite), et je me sers de ma gourde pour compléter aux ravitos. Pour le solide, j’en ai dans une poche que je met sur un porte gourde sur l’autre bretelle, et je mange en marchant en sortant du ravito où je complète la pochette. Ainsi je ne passe jamais plus de 2 minutes à un ravitaillement.

Anterne – Plan-Praz – 4h15 – 42°

La descente tient toutes ses promesses. Après un petit chemin pour 4x4, nous arrivons sur un champ de boue. Comme annoncé la veille au briefing, impossible de passer outre. De toute façon les pieds sont toujours bien trempés. Et ca glisse, il faut jouer l’équilibriste. Plutôt ludique finalement. Le pont au-dessus de la Diosaz signale le début de la grosse montée vers le Col du Brévent. Max du CMBM me signale 41°. Le début monte en souplesse, régulier. Et puis d’un coup, la pente s’accentue et nous arrivons au niveau de la neige. On dirait presque une sortie ski rando. Ca glisse et patine, et comme nous sommes sur des pierriers les bâtons ripent également. J’hésite à sortir mes Yaktrax (chaines pour chaussures), mais le mono-trace m’empêche de le faire confortablement, il y a encore pas mal de coureurs derrière moi. Tant pis je ferai sans (en Off je les aurai sorti à coup sur, et pour la sécurité en descente ca aurait été beaucoup mieux). Mes jambes sont lourdes de l’entrainement de la semaine et peut être aussi de mon début d’hypo de la montée vers Anterne. Des coureurs me rattrapent, dont la première féminine (Sylvie Negro) qui monte avec une régularité de métronome, en relançant méthodiquement sur chaque replat ou faux plat montant (j’ai trouvé le pendant féminin à Yoyo – Monsieur Mac-Man). Je m’écarte, elle ne dit pas un mot. La concentration surement. Un autre coureur est complètement à la dérive. A l’arrivée il m’annoncera avoir abandonné juste après à Plan-Praz. Finalement nous arrivons au Col avec une belle ambiance inattendue de quelques spectateurs. Jean-Claude Marmier (CMBM) - que tout le monde connait pour ses explications sur la sécurité au briefing de l’UTMB d’une voix très autoritaire (Colonel à l’armée oblige) – m’annonce 42°, alors que je me suis fait doubler au moins par 6 coureurs. Certains ont du construire un Igloo … En entamant la descente vers Plan-Praz, je double un coureur qui m’annonce être congelé et ne se sens pas bien. Décidément le Brévent fait des dégâts, et je comprends que les organisateurs n’aient pas voulu faire monter les coureurs plus haut. La descente est très technique avec du rocher dans une forte pente et un sentier très étroit. La neige rend l’exercice acrobatique. Je rattrape la première féminine, qui me demande si je veux passer. Elle est donc bien dotée de la parole. A Plan-Praz je prends un ravito liquide en demandant de me remplir mon bidon avec un quart coca et le reste en eau : étonnement de la bénévole qui semble presque hésiter à prendre un doseur ! Merci à eux de nous avoir fourni énergie et la bonne humeur dans le froid de la neige.

Laurent et son ami Jean-Marc devait démarrer la course en Off à partir d’ici (en montant de Chamonix à pied tout de même). J’apprendrai plus tard qu’ils sont arrivés à Plan Praz 30mn après mon passage.

Plan-Praz – Flégère – 5h30 – 52°

Je repars en marchant et en mangeant. La première féminine me double en courant, toujours en mode relance efficace. Plus loin, alors que les montées sont plutôt courte, un groupe compact d’une dizaine de coureurs – mené par la deuxième féminine - me rejoint et me double sans me laisser l’opportunité de m’accrocher. Les jambes sont toujours lourdes, mais mon rythme est régulier. Alors je ne m’affole pas. C’est mon rythme. Les paysages sur le Mont-Blanc sont magnifiques, et au milieu de la neige ce trail est féérique. Nous arrivons au télésiège du Cornu. La descente est tout simplement dantesque : une piste de ski bien pentue, sur un pierrier avec 10cm de neige. Les chutes n’épargnent aucun des coureurs. Téméraire, je rattrape le groupe de 10 coureurs, mais au bout de trois chutes – plus de peur que de mal, mais tout de même – je reste sagement derrière le dernier d’entre eux. Je sors mon appareil photo, quand derrière moi j’entends une chute : clic clac kodak, un jeune homme avec une veste orange est immortalisé. Il restera mon repère jusqu’à la fin de la course (je vais l’appeler Orange, Fabien David de son vrai nom d'après le classement officiel). Le chemin repart vers La Flégère sur du plat. La neige a disparue, et ne réapparaitra pas. Dans la montée vers Flégère, Orange me rattrape. Comme je suis en train de prendre une photo, il me propose de m’immortaliser. J’accepte. Ce geste vient de sceller notre amitié, rires ! Au ravito, on m’annonce 51°. Mon menu saucisson, fromage, chocolat et banane, le tout avalé en même temps, amuse beaucoup une bénévole. Ben pourquoi ?

Flégère – Col des Montets – 6h50 – 50°

Le long plat descendant avec quelques parties techniques est à mon avantage. Je rattrape la deuxième féminine. Son rythme me semblait moins régulier et naturel. Elle m’annonce qu’elle a mal à un genou. Ouch, les prochaines descentes vont être dures pour elle ! Un groupe génial de spectateurs fait un boucan du tonnerre avec des cloches. Super les filles, ca donne la patate ! Et on entame la descente vers le Col des Montets. Un gros pourcentage et une descente très longue (1000D- ?). Je fais toute la descente à tombeau ouvert, je m’amuse comme un fou. De nombreux randonneurs s’écartent en anticipant mon arrivée et me félicitent ou m’encouragent. Je leur retourne leurs bravos car le montée doit être sacrément longue et dure pour eux ! Vers la fin, j’aperçois mon groupe de coureurs qui m’avait distancé, avec Orange. La descente qui compense la montée, je me Didier P.-tise (private joke). Au ravito, une bénévole me demande si j’ai froid, car je porte toujours ma veste GoreTex. Non, mais j’ai la flegme de l’enlever. Elle respire bien, et à l’Aiguillette des Posettes il fera surement froid. Décidément pas un ravito sans une remarque. Suis-je si atypique ?

Montets – Aiguillette des Posettes – 8h – 51°

Mon groupe de coureurs est reparti avant moi, j’entame la longue (très !) montée vers l’Aiguillette des Posettes en marchant et en mangeant. Un coureur me double, se sera le dernier, et pourtant, mes jambes étant toujours aussi lourdes en montée, je me prépare psychologiquement à me faire doubler par au moins une dizaine de coureurs. Fidèle à la technique d’allonger le pas et de ne pas regarder l’altimètre, je monte régulièrement. Personne derrière, personne devant. Seul. Je croise une randonneuse qui m’indique le sommet à 5 minutes. Bizarre, je viens de croiser un panneau l’indiquant à 1h30. Je veux bien être fort, mais là ca fait beaucoup de différence. Il y a bien un gros cairn, ca doit être ca dont elle parle. Effectivement, une fois arrivé au cairn, je vois Orange au loin avec un petit groupe. Et ce scénario se répète trois fois. Trois fois on se croit arrivé, trois fois ca repart pour un tour. Se remettre dans sa bulle et se dire qu’on est vraiment bien ici. Les randonneurs sont nombreux et chacun y va de son petit mot d’encouragement. Merci. Au loin devant - j’évalue à 10 minutes le temps qui me sépare de lui – semble se faire lacher par son groupe de coureur. Mais je ne le rattrape pas pour autant. Derrière moi, deux coureurs se rapprochent petit à petit. Je vais essayer de tenir, sachant qu’en descente je vais surement les distancer. Au sommet un photographe est présent avec une énôrrrrrme doudoune. Faut dire qu’il nous voit passer un par un toutes les 5 minutes. Le paysage est magnifique. Les deux coureurs sont justes derrière moi. Je mange rapidos et boit un coup, maintenant ce n’est que de la descente, environ 3/4h.

Aiguillette des Posettes – Vallorcine – 8h45 – 51°

J’attaque fort pour être sur de décourager mes poursuivants. A l’arrivée, le gars derrière moi m’avouera avoir essayé de suivre, mais voyant ma vitesse de descente il s’est découragé. Ca marche ! En me retournant pour voir où j’en suis, je me paye ma cinquième gamelle de la journée sur une partie boueuse. Puéril mais j’aime vraiment ça. Au Col des Posettes je connais bien le parcours de cette descente. L’envers du Marathon de Chamonix. D’abord les pistes de ski, ensuite un sentier amusant jusqu’à Vallorcine. Un bénévole m’annonce le coureur de devant (Orange) environ 10 minutes devant. Je me retourne sur les pistes de ski, personne derrière. Juste pour le plaisir, ayant assuré ma 51° place, je fonce car je le sens bien. Descente à tombeau ouvert, tant pis pour les quadri, ils ne serviront plus de toute façon. Et je m’amuse bien. A l’arrivée, j’aurai repris environ 6 minutes sur Orange, et mis mes poursuivants à 4 minutes derrières.

Je sprint pour passer la ligne d’arrivée. Nathalie Michel du CMBM m’accueille au micro et me fait un gentil commentaire.

Epilogue

J’ai fait une belle course, régulière. Départ rapide, et puis une gestion sans pression de l’effort. A l’arrivée j’aurai encore pu continuer à mon avis assez longtemps. C’est vrai de que de terminer l’UTMB rend la saison plus facile. A suivre sur l’objectif n°2 de la saison, les 24h d’Arcueil le week-end prochain.

Après ma douche et une tartiflette/salade du buffet d’après course (quel luxe !), je retrouve mon ami Laurent, qui a finit Plan-Praz/Vallorcine avec 15mn de moins que moi. Un peu plus tard je vois Werner arriver en pleine forme. Quel athlète ! Et puis Oliv91 et Fabrice. Olivier à cassé son beau bâton carbone. Trop fort.

Merci aux organisateurs de nous avoir offert un si beau parcours, plei de surprise, mais ma fois fort équilibré. Bravo aux bénévoles car si les conditions météo étaient dures pour nous, c’était pire pour eux ! Et merci aux anonymes randonneurs. Tous vos sourirs font chaud au cœur.

Au fait quelqu’un connait il l’origine de cette terre qui m’a tenu tête pendant trois douches en grattant fort ? J’en ai encore sur les pieds et les chevilles deux jours après !

Vivement l’édition 2009 avec cette fois un passage au Brévent, l’Index, et le Lac Blanc !

dimanche, septembre 30, 2007

UTMB2007: ça, c'est fait !

UTMB 2007 – 24/25/26 août 2007
34h08mn - 163km - 8900D+
289° / 1437 Finishers / 2319 partants
Les Photos

Matériel
Batons : oui

Chaussures : Lafuma Active Trail Pro

Vêtements : tshirt Queshua, short Salomon, Manchons Queshua, Pantalon RaidLight imperméable, veste Gore Tex Millet, veste polaire sans manches Queshua

Sac : Sacs : CAMP MPack Trail Pro 20l + Porte Gourde sur bretelle + Sac à eau 1,5l (entre 3 et 4kg)

Aliments : Saucisson-Pate d’Amande-Pain d’Epice – noix de cajoux – crème de marron + ravitaillements UTMB (soupe et pates)

Sac base vie Courmayeur : chaussettes, t-shirt long, crème de soleil, crème anti-frottements, lunettes de soleil, bandes élasto pré-découpées, complément de nourriture, montre GPS.

Sac base vie Champex : chaussettes, t-shirt court, crème anti-frottements, bandes élasto pré-découpées, complément de nourriture, chaussures de rechange.

L’UTMB 2007, après mon édition avortée de 2006 avec un abandon à Praz de Fort consécutifs à plusieurs coups de chaleur, est l’objectif trail de l’année. Un entrainement démarré dés janvier avec le Off de Camargue, puis 5 trails (Vulcain, Balcons d’Azur, Ardéchois, Dentelles-Ventoux, et Duc Chartreuse), des sorties Off (GRR, TMB+MB, Mt Joly, Tour Mt Cervin) et des raids multisports (NoctiRaid, Raid Eure27, Jouques).

J-7

Depuis une semaine toute la planète UFO est en effervescence pour ce qui représente tout de même un des évènements majeur de la saison d’ultra-trail. Nous nous sommes parfois entrainés ensemble, ou nous sommes croisés dans des courses. Ca se chambre fort sur les perfs à venir et les potentialités de chacun. Un moyen surement d’exorciser une crainte que chacun quelque soit son niveau a, celle de l’abandon. Aussi un moyen de se persuader que finalement ce n’est pas la mer à boire, et qu’on a tout fait pour y arriver avec une préparation idoine, donc tout va bien …

J-1

La planète UFO se retrouve pour prendre son dossard. Je suis un peu privilégié puisque bénévole le jeudi à la vérification des sacs, je croise quelques camarades (Damien, Sanglier, Phil, …). On discute également autour des stands avec la présence de tout ce qui compte dans la famille mondiale de l’ultra-trail : Scott Jurek, Dawa Sherpa, Vincent Dellebarre, Marco Olmo, Jacquerot … ils sont au moins une vingtaine à pourvoir prétendre à la victoire. Enorme. Ca promet une course détonante en tête.

Cette année j’ai aussi un avantage énôooooore : un Ultra-Staff composé de David Lerman un ami de longue date curieux de voir comment son potos va lentement se dégrader tout le long du parcours, mon père Georges qui ne regrette pas les sorties dans la Vercors et les Gorges de l’Ardèche dans les années 70 avec son fiston, et ma femme Sabine qui en profite pour se remettre à la course à pied sur quelques tronçons choisis.

Jour J

La nuit n’a pas été très facile, on y pense toujours un peu. Programme du matin, faire les sacs des bases vie de Courmayeur et de Champex. 11h30, pates. 14h Sieste de 2h, toujours aussi difficile. 16h : j’appelle Damien pour aller ensemble déposer les sacs et aller à la Pasta Party. Nous y croisons les Forticheurs Patrak (un 206km aux 24h de St Fons), Val (3° aux 100miles des Tourbières), Eric Bonnotte (5° au Grand Duc de Chartreuse et une maison construite), Yoyo (4° au Dentelles Ventoux), Stephane Halbaut. Tous en top forme, à l’exception de Steph par manque d’entrainement. Repas pates à nouveau. 18h, tous au départ pour le briefing de Catherine et Michel Poletti. Je suis bien coincé au fond, au chaud, va falloir assurer le départ pour ne pas me retrouver coincer sur les premiers chemin. Les 30’ de briefing sont toujours un peu long, et nous sommes impatients de partir. Mais cela fait aussi parti du rituel. 18h35, top départ.

Chamonix-La Charme – 20h21 – 1h47 de course - 14km - 936D+ - 225°

Ca commence … en marchant, le temps de sortir de la ville. Ensuite c’est la course contre le temps pour remonter l’enfilade de coureurs le long de l’Arve avant les Houches. Le but étant de ne pas se faire enfermer dans la montée au Col de Voza dans un faux rythme. Arrivée aux Houches mon père me passe mes bâtons (pour éviter d’embrocher mes camarades sur la partie dense du début). Je double Alexandra Rousset – croisée l’avant-veille avec Benoit pour un ultime entrainement sur le chemin du Buet (Aiguilles Rouges) – et je passe le ravitaillement sans y prendre part. Ma stratégie est simple : je mange ce que j’ai dans ma besace et ne ravitaille ma gourde et sac à eau que toutes les 3h environs. On attaque la montée vers La Charme. Yoyo et Eric me dépassent en courant et en parlant sur un raidillon, ca calme ! Je m’accroche à Yoyo 10mn. Plus les années passent plus je trouve cette montée de plus en plus courte ! Arrivée au col on entame la descente vers St Gervais.

La Charme – St Gervais – 20h58 – 2h24 de course - 20km - 942D+ - 210°

1000D- d’un coup à froid. Heureusement je l’avais reconnu avec Olivier Tribondeau lors de son Off du Mt Joly. Mais à l’époque il faisait nuit et dans le brouillard, du coup c’est vachement plus simple aujourd’hui ! Je rattrape Yoyo dans la descente. As usual. A St Gervais j’ai mal au ventre. Je m’aperçois qu’en fait j’ai trop serré la ceinture ventrale de mon sac. Il me faudra plus de 10km et 1h30 pour retrouver un niveau de confort correcte. Bonne ambiance à St Gervais, avec un pont bizarre à monter et descendre pour traverser la rue. Etrange. Voir désagréable. Passons. Mon père, David, et Sabine sont là et m’encouragent. Nous retrouvons le silence et l’obscurité à la sortie de la ville.

St Gervais – Les Contamines – 22h22 – 3h48 – 30km – 1463D+ - 207°

Pas trop aimé cette partie assez roulante. Parait il de jour assez jolie, de nuit ca m’a un peu ennuyé. Peut être aussi parce que ce mal au ventre me gênait autant pour courir que psychologiquement pour l’entame de course. Patrak ma passe comme une fusée. Il aime bien lui quand ca roule. Cette année on arrive aux Contamine par le bas. Il n’y a plus l’ambiance style « arrivée de l’Alpes d’Huez » de l’année dernière. Dommage. Mon Ultra-Staff m’accompagne jusqu’à la sortie. On retrouve un chemin connu.

Les Contamines – La Balme – 23h38 – 5h04 – 38km – 2019D+ - 193°

David et Sabine m’accompagnent jusqu’aux grandes dalles romaines de Notre Dame des Gorges qui marquent le début de la montée vers le premier grand col, celui du Bonhomme. Je me sens bien. Les douleurs au ventre sont oubliées. Il fait toujours très bon. Je décide de garder le short et t-shirt manche longue avec les jambières en cas de coup de froid au col. Après une succession de marches et de relances, une petite soupe au chalet de la Balme. Je croise Yoyo qui me demande ce que ca fait d’être sur la base des 27h … franchement ? Ca fait peur, rires !

La Balme – Les Chapieux – 1h39 – 7h05 – 49km – 2792D+ - 164°

La montée est régulière et se passe très bien. Curieusement et contrairement à l’année dernière, je ne rattrape que très peu de coureurs. Et lorsque je regarde derrière moi, la longue guirlande de lampe est assez dispersée. Pourtant mon classement est similaire. Cette impression persistera tout le parcours. En pleine ascension, sur une poussée de la jambe un peu décalée, aïe, mon mollet gauche craque. Comme au rugby toute cette saison, ce problème m’apparaissait lors des appuis latéraux. Comme une déchirure musculaire. Sans panique je continue en espérant que cette douleur ne persiste pas, en faisant attention de ne courir et marcher qu’en ligne. Ca risque de ne pas être simple aux Bovines, mais bon, ce n’est pas pour tout de suite. Surprise au Col du Bonhomme, il ne fait pas froid, pas de vent. J’aime bien cette partie qui permet de relancer, tout en montant, bref, ludique. J’entame la descente vers les Chapieux, quand un besoin urgent de purger la bête se fait sentir. Un problème similaire avait fini par me conduire à l’abandon l’année dernière, en me déshydratant, finissant avec des coups de chaleur. Heureusement cette année j’ai pris les devants avec du Smecta. J’en prends un sachet dans ma gourde. Le problème ne se reproduira pas. Dans la descente beaucoup de boue. De nombreuses glissades. Je finie par chuter. Rien de grave, mais j’ai de la terre partout. Pas terrible l’hygiène pour manger des cahouettes avec des mains pleines de terre ! Au petit jour je verrais que les autres coureurs sont pour la plupart également tombés au vu de leurs tenues bien immaculées. Un autre détail m’étonne, je sens que l’ongle du 3° orteil du pied droit est tombé, alors que je n’ai pas tapé sur des pierres et qu’il n’était pas blessé. En même temps il ne me gène pas. Je verrais ça à Courmayeur pour mettre un coup d’élasto. Comme sur les deux premiers orteils de chaque pied, soigneusement enrobés d’élasto et de cotons protecteurs. Aux Chapieux je croise Yoyo qui repart. Petite tape dans la main, je ne le reverrais plus …

Les Chapieux – Col de la Seigne – 3h46 – 9h12 – 59km – 3793D+ - 165°

Après m’être lavé les mains, avoir rempli mes réservoirs d’eau (camelback) et de coca (gourde), je repars en marchant pour m’alimenter. Ma stratégie est effectivement de ne pas m’arrêter pour manger. Aux ravitos je remplis, complète les niveaux. Mais je m’alimente en marchant. Sur la longue route qui mène au village des glaciers, un jeune coureur me rattrape en marchant … beaucoup plus vite. Je m’accroche à lui. On relance en courant de concert. Duc coup ce passage ennuyeux passe très vite. Le fameux coup du Pac Man cher à Yoyo fonctionne à merveille. Dés le début de la montée au Col de la Seigne, mon camarade me lâche. Doucement, mais surement. Une dizaine de coureurs me passeront. Tant pis, je monte à mon rythme. Je regarde la longue vallée derrière moi : la guirlande n’est toujours pas très fournie. Un peu frais en haut du col, mais rien de terrible. En revanche ma montre s’est remise à zéro, et je ne sais même plus quelle heure il est. Tant pis je m’en passerais, et à Courmayeur je vais récupérer mon GPS.

Col de la Seigne – Refuge Elizabetta – 4h19 – 9h45 – 63km – 3793D+ - 167°

La descente se passe bien, mais la fatigue de la nuit arrive doucement. Au refuge, je retrouve mon père qui aura fait le voyage. Je suis fatigué. Je rempli mécaniquement mon Camelback d’eau, et je repars en oubliant de prendre un bol de soupe. Plus très concentré le Steph. Je repars en marchant avec Géo. Il m’annonce que je suis maintenant sur la base des 29h. Pas mal finalement de courir sans montre.

Refuge Elizabetta – Col Chécruit – 6h17 – 11h43 – 72km – 4283D+ - 199°

Après le Lac Combal, j’attaque la montée à l’arrête Mont Favre. Il est 4h du matin passé, et j’ai toujours ce grand coup de barre lié à cet horaire. Une sorte de fatigue physiologique, qui ne s’estompe qu’avec l’arrivée du jour. Mon expérience du phénomène me permet de me concentrer sur ma progression, en recherchant la régularité. En attendant l’aube, qui finit par arriver sur l’arrête. C’est toujours un spectacle magnifique. Avec le massif du Mt Blanc qui passe du gris/noir à la couleur.

Col Chécruit – Courmayeur – 6h53 -12h19 – 77km – 4283D+ - 191°

La descente sur Courmayeur se passe très bien. La forme revenue avec le jour me permet d’effectuer une descente efficace. En arrivant sur le centre sportif Dolonne de Courmayeur, je me remets en mémoire ce que je dois faire dans la base vie. J’ai prévu 30 minutes pour prendre une soupe chaude, changer mes protections d’orteils si nécessaire, changer de chaussettes, mettre un t-shirt sans manche propre, mettre un élasto sur le 3° orteil qui tombe, récupérer la montre GPS pour quand même avoir une idée de ma progression. Finalement 21 minutes seront nécessaires. Parfait. Toujours en avance sur mon plan de marche des 30h.

Courmayeur - Bertone – 8h32 – 13h58 – 82km – 5097D+ - 158°

La traverse de Courmayeur s’effectue sans peine, contrairement à l’année dernière. En compagnie de … zut oublié ( !) – et qui m’annonce que Val est comme une balle, Yoyo 30mn devant. Départ de la montée vers Bertone au travers d’un sentier en sous bois très agréable avec un bon pourcentage mais régulier. Un groupe de deux coureurs me dépasse. Je m’accroche puisque je me sens finalement bien à leur allure. Nous rattraperons une dizaine de coureurs. A l’agonie en 2006 – déshydratation et coup de chaleur – je suis facile cette année. Super ! Je ne reste qu’une minute au ravito le temps de prendre un coca assis.

Bertone – Bonatti – 9h54 – 15h20 – 90km – 5482D+ - 170°

Après une courte montée, c’est un chemin en balcon facile, propice aux relances. Pas toujours simple, mais j’en ai encore sous le pied, alors pourquoi se priver ? Bon ok régulièrement des coureurs me rattrapent, mais je suis sur mon rythme, et la course est encore si longue à ce stade. J’ai mis ma montre GPS en route, son autonomie est de 20h, je devrais donc l’avoir avec moi jusqu’au bout. En regardant l’heure je pense être très en avance sur les 30h. En fait le chemin jusqu’à Bonatti est plus long que je ne l’avais enregistré dans mes souvenirs (pas vieux pourtant). L’arrivée sur Bonatti se fait par une montée très raide sur 200D+ max. Première sensation de moins bien. Je monte assez péniblement. Une fois arrivée au ravitaillement, je rencontre Christina, une bénévole qui était assise à côté de moi jeudi au contrôle des sacs à la remise des dossards aux coureurs. Très sympa elle s’enquiert de mon état : ai-je l’air si fatigué ? Je m’assois, très gentiment elle m’amène une soupe et un verre de coca. Un autre bénévole me remplit ma poche à eau. Quelle assistance ! Je repars au bout de 10mn avec encore 15mn d’avance sur les 30h. Tout va bien puisque le chemin ne fait que descendre jusqu’à Arnuva.

Bonatti – Arnuva – 10h55 – 16h21 – 94km - 5578D+ - 186°

Pourtant cette descente ne se passe pas si bien que ca. C’est mou, les appuis ne sont pas surs. 50 minutes pour 4 km, 100D+ et 400D-, ce n’est pas terrible. A Arnuva, je tente de faire le plein : soupe, coca, fromage, … tout y passe. Au bout de 5 minutes je ne vois plus très bien ce que je peux avaler en sus, alors je repars. Un bénévole me suit et engage la conversation en se présentant. C’est François des Bauges, que je ne connaissais qu’au travers du forum UFO. Il me reconnait grâce aux photos de mes CR sur le blog. Rigolo. Il m’accompagne jusqu’au début du raidillon qui annonce le Col Ferret. Je ne dois pas être très causant. Désolé François, mais encore merci, ca fait toujours du bien d’échanger quelques phrases.

Arnuva – Col Ferret – 12h50 – 18h16 – 98km – 6346D+ - 239°

Bing, raide dans la pente, en appui sur les bâtons, je n’avance plus. Je suis sec. Le pourcentage est très important, et il commence à faire très chaud. La totale. Je n’ai plus qu’une idée en tête : il faut avancer coute que coute. Peu importe le chrono. Avancer jusqu’à ce que ça aille mieux. Les basiques remis à l’œuvre : un pas devant l’autre. Bien sur ca double sans arrêt, et ca en devient presque pénible de devoir se mettre su le bas côté toutes les 30 secondes. De petits pas en petits pas je finis par arriver au refuge Elena, au pied de l’ascension du Col Ferret. Il me semble impossible de le gravir là maintenant. Décision est prise me reposer. Je m’allonge sur l’herbe et dors 15mn. Je repars. D’un pas lent et lourd. Dans la montée vont me doubler CastorJunior et Jérôme Lesseur (JJ). C’est très lent, mais ca avance. L’air frais de l’arrivée au sommet me redonne un peu de jus, mais pas suffisamment pour me donner un air rassurant : une bénévole s’avance vers moi en trottinant, se présente comme infirmière, et me demande si tout va bien. Intense solitude … Ai-je l’air si décomposé ? Je tente de la rassurer en lui disant que je suis juste vide d’énergie, mais qu’à part ça, touti va bene. Ouf elle me laisse repartir. Je ne m’arrête pas au sommet et attaque la descente.

Col Ferret – La Fouly – 14h24 – 19h50 – 107km – 6357D+ - 250°

Jérôme est arrêté sur le bas côté pour se restaurer. Je la laisse, il me rattrapera plus tard. La descente me permet de me relancer et de récupérer. En petites foulées entrecoupées de courtes marches. Au refuge de La Peulaz je m’occtroye une belle pause de 10 minutes avec remplissage de la poche et gavage de la bête en coca et soupe. Un peu de pain d’épice maison et pate d’amande. La descente bien raide se passe bien, et arrivé sur le parking il faut relancer sur la route. Encore quelques kilomètres pour rejoindre La Fouly. Stef me rejoint, on reste ensemble 5 bonnes minutes, mais à la relance je le sens plus vif. Je lui demande d’y aller. A 500m du ravitaillement l’Ultra Staff est de retour, de bonne humeur et reposé – à l’exception de Géo qui a voyagé toute la nuit du côté de Courmayeur et d’Elizabetta. Il m’annonce mon camarade Damien Lebas à 1h derrière à Courmayeur avec des ennuis de poche à eau dés Saint Gervais. Pourvu que ca passe pour lui. A La Fouly je ne calcule pas Sanglier (Emmanuel Lamarle) – qui m’en voudra surement très longtemps – et retrouve Stef. Là encore longue pause de 10 minutes pour reprendre des forces. Toujours un peu vide, mais le physique suit. Pas de casse ni bobos.

La Fouly – Champex – 17h15 – 22h41 – 122km – 6890D+ - 254°

L’Ultra Staff est visiblement heureux de me voir repartir – comme pour l’infirmière de Ferret ca ne leur semble pas évident à eux non plus – et le couple Sabine / David courent avec moi sur cette longue partie plate jusqu’à Praz de Fort. Sur le chemin on rattrape CastorJunior qui marche en téléphonant. Je ne le dérange pas et le double. J’aurai du remord plus tard en apprenant qu’il abandonnera à Praz de Fort (souvenirs de mon abandon 2006) et qu’il se fera agresser par Oliv91 pour lui dérober un bâton (casse du sien dans la descente vers Les Chapieux). En passant près du banc sur lequel j’avais abandonné à la sortie de la moraine, j’ai une pensée : cette fois ci je vais plus loin, c’est sur ! A l’attaque de la montée vers Champex à Issert, Sabine et David échangent leur place avec Géo. Il me servira de lièvre toute la montée. Je m’accroche à son short tel un morbak, mais c’est dur, lent, lourd. 400D+/h/ A l’approche de Champex, je ne me sens pas bien du tout, très faible. Ca se confirme une fois à la base vie. Impossible d’avaler quoi que ce soit. Assis à la table, je croise Alice (la femme d’Oliv91) qui me regarde un peu halluciné par mon état. Je dois être très blanc. Elle hésite entre me « porter secours » et aller accueillir Olivier qui doit arriver rapidement. Elle part, et je ne la sens pas tranquille. Je m’effondre la tête sous les bras pour cacher mon désespoir. Je cherche une solution, et me rappelant qu’il faut bien souvent juste attendre sans paniquer, je décide d’aller m’allonger et éventuellement voir un médecin. Mon Ultra-Staff me laisse gérer ne sachant surement pas très bien quoi dire ou faire. Un médecin vient, me serre la main (1er test), me regarde, me parle, prend le poult et la tension. Rien, je vais très bien. Je dors 20mn, puis je me relève et vais me faire masser. Je suis plus à ça prêt. Une podologue soigne mon ongle en même temps. Le grand luxe. Changement de chaussettes, crème anti-frottements, et t-shirt manche longue. Ensuite je retourne manger, et miracle j’avale tout. 1h25 plus tard je peux repartir, au grand soulagement de l’Ultra Staff.

Champex – Bovine – 20h44 – 26h10 – 131km – 7594D+ - 278°

Même si l’objectif 30h est cette fois ci bel et bien mort et enterré, plus que jamais celui de terminer est d’actualité. Au bord du lac, accompagné de l’Ultra-Staff, je croise Françoise et Antranik. Tient que font-ils là ? Ne courent ils pas ? En fait je n’arrive pas vraiment à faire le lien. Je n’apprendrais que plus tard qu’Antranik a du abandonner. En discutant le chemin avance assez vite en alternant course et marche jusqu’au début e la terrible montée de Bovine. Reconnue le dimanche d’avant avec Manu (Sanglier) et Oliv91, je la sens bien. Accompagné de mon père, il va devoir décrocher, tellement je suis fort. Du 1000D+/h ! Quel contraste avec mon arrivée sur Champex ! Je rattrape une dizaine de coureurs, les grandes pierres sont enjambées avec plaisir. Je m’amuse. Sur le magnifique balcon qui surplombe la vallée du Rhône, je rejoins Greg et son frère Tom, venu de l’autre côté par le Col de la Forclaz, pour m’accompagner un bout de chemin. Ca me fait drôlement plaisir, d’autant qu’ils viennent de Grenoble exprès. Je ne passe que 1 minute au ravito de Bovine.

Bovine – Trient – 22h04 - 27h30 – 137KM – 7668D+ – 266°

La nuit tombe. Nous redescendons sur le Col de Forclaz. Descente rapide, facile, et joyeuse. On s’amuse bien à jongler avec les appuis. Nous rattrapons à nouveau 6 coureurs. Je suis étonné de ne pas rejoindre Oliv91 avec ma vitesse depuis Champex. Alice me l’a annoncé 15 minutes devant. Il doit lui aussi être pas mal. Tant mieux ! A Trient, l’Ultra Staff est au complet. Je rentre dans la tente du ravito par le mauvais côté. Je ressors et coupe. Plus tard en remontant sur les Tseppes, je serais inquiet de ne pas avoir fait fonctionner la puce permettant de valider le passage. En fait si. Sous la tente l’ambiance est merveilleuse et festive. Il y a même de la raclette pour les accompagnants ! Le speaker annonce le temps et classement, ainsi que l’origine des coureurs. Trop forts les Suisses. Mais je commence à nouveau à entrer dans ma bulle. L’état de grâce n’aura duré « que » 3h1/2. Je prends le temps d’avaler une soupe, un coca, et de remplir la poche. La montée vers les Tseppes promet d’être difficile.

Trient – Vallorcine – 1h13 – 30h39 – 146km – 8456D+ - 270°

Promesse tenue : c’est très difficile. A nouveau, et en sens inverse, quel contraste avec l’état de légèreté des Bovines. A nouveau lourd, lent, je me concentre sur mettre un pied devant l’autre. Je la connais bien cette montée. Et pourtant j’ai vraiment l’impression que c’est beaucoup plus long. J’attends la sortie de la forêt avec impatience, signe d’arrivée au col. Greg et Tom sont toujours là, et quand Greg me pose une question, je ne réponds plus. Dans ma bulle. Désolé Greg ! On sort enfin de la forêt, et pourtant je ne vois toujours pas la fin. A chaque virage je crois me rappeler que c’est la fin de la montée, et puis non. On aura là aussi fait du 400D+/h. Et puis arrive le balcon, la délivrance. Il n’y aura plus de vrai montée jusqu’à l’arrivée. Et pourtant c’est loin d’être fini pour autant. Les 20 derniers kilomètres devront être gagnés mètre après mètre. Nous faisons la descente vers Vallorcine se fait prudemment. Je n’ose prendre le risque d’une entorse, les chemins sont très étroits, dans la pente, avec beaucoup d’eau. On glisse, on dérape. Les bâtons aident bien. A Catogne – en plein milieu de la pampa – deux bénévoles sont sous une tente et assurent un contrôle volant. Courageux car complètement isolés, il fait frais, et les coureurs à ce stade ne doivent pas tenir grande conversation. Un peu plus loin nous croisons deux autres bénévoles qui vont prendre la relève. Belle marche de nuit pour eux. Après le sentier, nous rejoignons le télé siège qui monte les skieurs au Col des Posettes, nous indiquant que dorénavant nous aller attaquer un large chemin carrossé avec des pierres qui font mal aux pieds surchauffés. Ca ne durera que quelques virages, le balisage nous orientant à nouveau sur un sentier qui coupe la route forestière rendant la descente plus ludique et moins ennuyeuse. Le ravito de Vallorcine semble un peu triste. L’Ultra Staff confirmera cette impression. Bienvenue en France ! Court ravitaillement.

Vallorcine – Argentière – 2h38 – 32h04 – 153km – 8662D+ - 272°

En sortant de la tente, accompagné de David, Tom, et Greg, le froid de la rivière juste à côté nous saisit. Je remonte les jambières, et ferme la veste Gore Tex. Nous alternons course et marche au grés de mes envies. Le groupe suit gentiment à l’imitation. Nous reprenons des coureurs, d’autres nous rejoignent. Le Col des Montets est rapidement atteint. Une fille nous passe. Je me décide à la suivre. Son rythme régulier me va bien. Nous tenons un rythme de course toute la descente jusqu’à Argentière. Au ravito, un bénévole me soutient mordicus que c’est tout en descente. Je connais bien le parcours – c’set mon terrain de jeux lors de mes footing – et je sais qu’il y a trois petites montées de 100m chacune environ. Et vu mon état, va falloir encore serrer les dents. Sabine se joint au groupe pour terminer tous ensemble.

Argentière – Chamonix – 4h42 – 34h08 – 163km – 8835D+ – 289°

Et le petit train repart. Plus de jambe, mais plus de raison de se plaindre non plus, on va y arriver. Mais le seul moment où je vais me sentir vraiment et définitivement arrivé sera au Bois du Bouchet, soit à 1 ou 2 km seulement de l’arrivée. Sur la piste de ski de fond –surréaliste à 4h du matin – un monsieur, seul sur sa chaise de camping applaudi chaque coureur. Merci Monsieur. Sur Chamonix je demande à l’Ultra Staff de me laisser seul dans ma bulle pour me permettre de savourer pleinement l’entrée dans la ville, la délivrance, et peut être déjà une certaine nostalgie. Seul dans une ville déserte. Et puis les 20 derniers mètres, avec quelques spectateurs qui attendent probablement leur coureur, leur champion du jour. Seul et Catherine Poletti qui m’accueille sur la ligne d’arrivée. Je l’embrasse – je n’avais même pas réalisé que mon odeur fétide pouvait l’incommoder – et trouve des mots émouvants et me dit merci pour être allé au bout de cette aventure. Je lui réponds que c’est qui la remercie pour m’avoir permis de la vivre.

Je prends ma polaire estampillée Finisher, et je ne suis pas prêt de la jeter celle là, rires !

Et puis je vais remercier mon Ultra-Staff pour avoir respecté mes allures, ma bulle. Je fais remarquer que le ravitaillement de l’arrivée est strictement le même que tous les autres, et je ne veux plus entendre parler de soupes et de coca ! Au bout de 10 minutes je me gèle, on rentre. Une réflexion au passage me fait dire que c’est vraiment dur comme course, et qu’on ne m’y reprendra peut-être pas. Enfin une douche et au lit. On verra bien plus tard. En attendant mission accomplie.

Epilogue

Le lendemain matin, en me levant je remarque que Philippe Billard et Stéphane Marchand (RunSteph) sont annoncés sur le site web de la course à Argentière et pas encore arrivés. Je me précipite dehors pour les accueillir. Trop tard, ils sont déjà assis, un peu comme deux frères zombis. Je devine qu’ils sont encore dans leur bulle, heureux et vidés. Yoyo sera arrivé avec Eric en 28h, et Val a tout explosé en 27h. Bravo les gars.

Je suis également heureux de voir que Damien sera 1h30 derrière moi, il a donc bien maintenu l’allure sur la deuxième partie, et bien digéré ses problèmes sur la première. Et surtout nous sommes désormais Finishers, nous qui avions abandonné presque au même endroit en 2006 (Praz de Fort et La Fouly). Oliv, Sanglier, et Stef dans les 32h. ; Seul manque à l’appel Castor et bien sur Antranik. La prochaine fois.

La météo aura été superbe tout le long, et c’est surement une première pour cette petite course autour de la grande montagne. Les 10 jours suivants, je n’aurai aucune courbature aucune blessure, pas une seule ampoule (recette jus de citron et crème anti frottement - la semaine d’avant course - juste géniale !). Juste une bonne fatigue, et un léger état dépressif normal après une telle dose d’endorphine, et surtout le vide laissé par l’objectif accompli. Seul symptôme, partagé par pas mal de coureurs, un œdème à la cheville droite et des fourmis aux orteils. Un mois après ils sont toujours ankylosés.

Un grand merci aux organisateurs et aux bénévoles (tient je me remercie aussi au passage !). A l’Ultra Staff exemplaire. Aux coureurs et randonneurs croisés pour leurs sourires et soutient dans les moments difficiles. Marrant aussi de voir des coureurs nous reconnaître avec mon père grâce aux photos des CR de courses et des Off !

Petit bémol sur le commentaire justifié de Scott Jurek sur le comportement de certains leaders de la course, confirmés sur certains points par mon père spectateur de certaine scène. A vous de voir.

Deuxième bémol, perso cette fois : je constate que je fais toujours l’objectif de l’année d’avant. Trop ambitieux ou jamais satisfait ? De plus je n’arrive toujours pas à être régulier dans ma progression, que se soit sur une course ou même en Off (Oliv91 et Patrak m’en avait fait la remarque. Et là je ne sais pas vraiment par quel bout prendre le problème. Peut-être m’attacher les conseils d’un coach professionnel, genre Yoyo (si il n’a pas encore été acheté par le Bayern de Munich ou Chelsey !).

Dans tous les cas, venez y ou revenez y ! L’année prochaine, peut-être une corse de 220km et 17.000D+ par équipe de 3 faisant tous les cols plus ceux des Aiguilles Rouges ? A moins que faire l’objectif 2007 de moins de 30h … A suivre …


Reportage France2
Compte Rendu Scott Jurek
Reportage Libération

vendredi, août 17, 2007

CR OFF TOUR DU MONT CERVIN – SUISSE



On a retrouvé la 7° Compagnie … au Cervin

39h30 - 162km - 10940D+

du 3 au 6 août 2007
Photos

Un autre résumé en plus d'étapes
Données carto en Suisses

Matériel
Batons : oui
Chaussures : Queshua 700

Vêtements : tshirt Queshua, short Salomon/Pantalon RaidLight imperméable, veste Gore Tex Millet

Sac : Haglöfs Yak 28l + Porte Gourde et Saccoche ravito sur bretelle (entre 10 et 12kg)


Divers : Corde 30m, Crampons
Aliments : Saucisson-Pate d’Amande-Pain d’Epice / diner en refuge

Etienne Fert alias le chef Chaudard

Irina Malejonock – alias Germaine

Didier Petitjean alias Pitivier


Stéphane Couleaud alias Tassin


Etienne je l’avais rencontré lors d’un des nombreux Off qu’il organise – cf son site le tour de l’Ubaye. Avant l’été, il fait part de ses projets de Off estivaux. Le tour du Mt Cervin retient mon attention puisque me permettant de compléter mon entrainement UTMB2007, comprenant entre autres trois week end chocs avec du volume. TMB/MB en et Mt Joly en juillet, Cervin début aout à trois semaines de l’objectif. Parfait. Didier, camarade de la Fortich’Off, se joint à nous, ainsi qu’Irina qui était au Ubaye Off également.

Départ de Paris Gare de Lyon le jeudi en fin d’après midi pour rejoindre Bellegarde, là je prend la voiture, direction Les Haudères en Suisse. Didier me donne rendez vous au camping Molignon, juste après Evolène, avec la consigne suivante : « pour reconnaître la tente, je laisserai les batons dehors » … va retrouver une tente dans un camping à minuit … et ben si je l’ai trouvé ! Dodo dans la voiture, et debout 6h, pour retrouver Irina et Etienne à Les Haudères.

Après les nombreuses considérations de retrouvailles et le temps de faire connaissance (5mn), nous voilà parti pour Arolla dans la Didier mobile qui transporte aussi bien de la terre que des trailers.

Etape 1 Arolla - Breuil-Cervina
35KM - 2640D+- 9H45
Hébergement : Hotel Miravidi - 40€/pers avec petit-dej - +39 0166 948097 - info@hotelmiravidi.com - http://www.hotelmiravidi.com

Un chemin avec un peu de via ferrata par endroit nous amène directement au glacier d’Arolla (2360-2860m) qui va justifier le portage des cordes pendant 4 jours, mais pas des crampons. Effectivement une légère couche de neige tombée la veille nous permet de passer avec nos chaussures de trails. Encordés, nous suivons les gros tripodes bleus en bois, la visibilité est bonne, il ne fait finalement pas si froid. Nous passons ensuite le col Collon (3000m) avant de découvrir la vallée d’Aoste que nous dévalons en croisant quelques touristes toujours surpris que l’on puisse descendre en courant tout en prenant des photos. Ben quoi, on a droit aussi à des souvenirs non ?

En bas, au niveau du Rifugio Prarayer, Etienne nous accorde une première pause déjeuné : 10mn, ca promet ! On repart pour une première petite montée de 300D+. Je suis toujours un peu lent à démarrer, et le replat qui suit est le bienvenu pour ne pas exploser. Mais le répit n’est que de courte durée, et une belle montée dans le cailloux nous amène directement au Col de Valcournera (3075m). Cette ascension de 700D+ me fait exploser sur le final dans un gros pierrier très joueur. Irina et Etienne menant une allure constante et d’environ 600D+/h, ce qui sera l’allure de base de toutes les ascensions du séjour. Après une jolie descente et un petit coup de cul de 100D+, un long chemin plat sans intérêt nous amène à Breuil-Cervina, petite station de ski Italienne. Arrivé à Breuil, ayant été missionné pour l’hébergement j’appelle l’hôtel : 5mn d’Anglais pour comprendre que tout le monde parle Français, et nous y vois-ci. L’hôtel ne faisant pas de diner, nous trouvons un restaurant pizzeria parfait : au menu, une demi pizza par personne plus un plat de pates. Avec ça, pas d’excuses pour le lendemain.

Etape 2 Breuil - EuropaHutte +2600 8h30
43KM - 2700D+ 2400D- / 9H45
Refuge EuropaHütte - 55CHF/pers incluant diner & breakfast - +41 027 / 967 82 47 - Mobile 079 / 291 33 22 - Fam.Brantschen.Europahuette@freesurf.ch

Réveil 6h30, pour un départ à 7h30 directement dans la pente sur les pistes de ski. Etienne et Irina repartent de plus belle, tandis qu’avec Didier nous faisons la causette. 1000D+, ca laisse le temps de mieux se connaître. En arrivant sur le Theodulpass (3301m), Didier se fait adopter par un Ultra-Chien qui l’aurait bien choisi pour maître.

Nous ré-encordons pour une belle traversée du glacier sur les pistes de ski. Le Cervin est tou proche et avec des arêtes magnifiques. Nous tournons autour. En descendant de jeunes filles nous prennent en photo, et là on sent que la corde est tout de suite plus lâche, les garçons courant plus vite. En bas, un surfer qui nous a dépassé mettra près de 15mn à se relever, on se demande toujours ce qu’il avait …

Une très longue descente de 1700D- nous permet de rejoindre Zermatt, station renommée. Ca fait toujours un drôle d’effet de retrouver d’un seul coup cette civilisation du gadget-souvenir et de la glace vanille-chocolat.

Nous déjeunons et repartons sur un superbe balcon via Täschalpe vers EuropaHütte. Après une douzaine de kilomètres, Etienne est soucieux. Nous devrions être presque arrivé, et au lieu de cela, le chemin droit devant n’est pas indiqué, en revanche EuropaHütte est indiqué en descendant. Après être parti en exploreur, il revient, et nous décidons de passer le barrage en prenant tout droit. En fait le sentier normal a été détruit par une coulée de pierre (les Suisses font de superbes tunnel pour protéger les promeneurs !). Nous la passons en faisons attention. La dernier petit raidillon nous fait un peu mal au jambes. Mais le refuge est en plein soleil, face à un glacier, et la matrone toute germanique nous fait un accueil … germain. Petite douche au lavabo, diner pantagruélique, et dodo avec une bande de joyeux lurons de 60ans de moyenne d’âge qui en paraissent 14 ½ avec de bonnes blagues de potaches. Dur à coucher les anciens !

Etape 3 Ottavan - Grüben/Meiden +2500 8h30
9H - 38KM - 2400D+ 2800-
Hébergement Hotel Schwarzhorn - 55€/pers incluant diner & breakfast - Carmen Tscherrig, Landstrasse 80, 3904 Naters, +41 027 932 14 14 - hotelschwarzhorn@tele2.ch

Levé 6h, depart 7h. Une certitude désormais : les cordes et les crampons ne servent plus à rien, mais faut les porter quand même ! Didier a perdu un gant. Irina ira jusqu’à vider et refaire tout son sac pour le trouver … finalement dans le sac à viande de Didier !

Un joli balcon dans les pierriers serpente avec de petits D+ qui permettent de s’échauffer gentiment. Un grognement sourd, avec Irina nous nous retournons, et voyons Didier qui descend droit dans un pierrier à 40% pour aller chercher son baton … Etienne qui arrive par derrière dans un virage semble surpris. « you don’t really wanna know … ».

Arrivée à Mittelberg (2580D+) de superbes chèvres avec de grandes cornes nous accueillent, même pas gênées pas notre présence. Grosse descente de 1400D- vers Saint Niklaus (1120m), où vers la fin je finis par buter sur une racine et m’étaler de tout mon poids. La pause déjeuner sur un beau fauteuil rouge se prend sans peine. Etienne, gourmand d’entre les gourmands, avait réservé une belle tarte dans sa boulangerie préférée.

C’est pas tout ça, mais faut retourner au charbon. Et une longue montée de 1700D+ sur 10km nous attend. Pas un jour à porter la corde, n’est ce pas Irina ? Première étape en forêt jusqu’au magnifique et traditionnel hameau de Jungu à environ 2000m. Un pallier intermédiaire permet de couper l’ascension en son milieu et de reprendre des forces – trop fort ces Suisses ! La deuxième partie se fera à un rythme endiablé, démarré par Etienne qui veut en finir. Nous nous attendons au Augstbordpass (2894m) à l’abri d’un petit rocher. Ouf le dénivelé de la journée est terminé, nous pouvons nous laisser descendre jusqu’à Grüben (1820m). Là l’accueil est toujours très … germanique, mais l’hôtel et la nourriture de qualité. Grüben ressemble un peu au village rêvé des petites filles de Heïdi, et Irina se verrait bien dans un petit chalet traditionnel … en lieu et place du dortoir. Mes chaussures Queshua ont rendu l’âme avec des œillets de lacet cassé. Les descentes ne vont pas être faciles demain …

Etape 4 Grüben - Les Haudères +3000 11h
46KM 11H 3200D+ 3500D-

La plus longue journée du périple, et au jeu de l’alternance du portage des cordes … c’est au tour d’Etienne et moi-même. Pour se mettre en jambe une première montée de 900D+ vers le Meidpass (2790m). Très joli sentier tout au long d’une rivière, nous pataugeons un peu à quelques endroits dans des espèces de tourbières. Ensuite nous descendons vers Zinal (1675m), où nous prenons un coca et un mini déjeuner. Déjà 20 bornes et 1000D+, c’est déjà ça de pris. Nous attaquons le gros morceau de la journée, l’ascension du col de Sorbois (2895m). Près de 1200D+, qui attaque par un sentier à 30% dans la fournaise. Vers 2000m nous apercevons la station de ski et l’air se fait plus frais. Nous traçons droit dans la pente afin d’aller au but plus rapidement, ce passage dans les pistes de ski ne présentant vraiment aucun intérêt. Avec Didier nous nous faisons la réflexion que le ski alpin gâche vraiment la nature. La descente se fait comme la montée, droit dans la pente, et Didier jusqu’ici un peu coincé avec son orteil douloureux, fait le pari que plus ca va vite, moins longtemps on souffre. Pari gagné !

On arrive vite en moins de 3km au barrage du lac de Moirry (2240m). Et c’est la dernière montée du périple qui est devant nous, 600D+ jusqu’au Col du Torrent (2916m). Une montée émouvante et assez jolie, au sommet de laquelle nous ferons les photos portraits souvenir. La descente vers Les Haudères (1452m)– qu’on aperçoit du sommet – est très joli au début. Nous traversons des alpages hors sentier. Une ampoule à la main ampute ma descente. Ensuite c’est la route sur les derniers km une course d’endurance qui commence, avec Irina qui a hâte d’en finir avec une grosse douleur sur le releveur qui handicapera son programme de fin d’été.

Sur le parking d’Arolla nous nous congratulons, et sommes super content de ces quatre jours de rêve. Avec une météo superbe (alors qu’il pleuvait des cordes le jour d’avant, et que les orages reprendront dés le lendemain de notre départ !), et un guidage d’Etienne comme toujours hors pairs. Le jour où il le miniaturise (encore plus de 73kg le bougre), je le préfère à un gps.

Comme j’ai un train à prendre le lendemain à 7h30 à la Gare St Lazare, on se dépêche et nous nous séparons. Le retour sera également épique, puisque lorsque j’ai voulu remonter ma vitre côté conducteur peu après Arolla, rien … moteur cassé ! Et sur l’autoroute A6 il a plu … Fraiche la nuit du retour !