4 décembre 2010 – Le Perray en Yvelines, forêt de Rambouillet
75 km – 2.000D+
9h27, 12°/187 partants et 104 finishers, 2°V1
L’Origole c’est ma bête noire. Trois abandons en trois éditions. Du 100%. Sur le papier rien d’affolant, en général autour de 70 bornes, un petit dénivelé approchant les 2.000 mètres. Sur le terrain une boue accrocheuse, des rigoles pleines d’eau que l’on a parfois du mal à enjamber totalement, toujours en glisse, des bosses épuisantes qui s’enchainent, une relance permanente. Bref une torture pour les quadris et les adducteurs. Et puis c’est aussi trois boucles différentes avec à chaque fois un passage par le gymnase comme point de ravitaillement et base vie. Chaleureux dans tous les sens du terme, mais dont il faut arriver à s’extraire pour retourner patauger. Le tout avec un départ à 23h une belle nuit d’hiver. Donc aussi un sacré exercice sur le mental.
Mais L’Origole c’est aussi et avant tout une bande d’habitués qui reviennent chaque année, comme Bombyx (Gaël Obain) cinq fois finishers en cinq édition, et une organisation au poil avec Philgrizly (Philippe Clement) en directeur de course cette année. Alors forcément, et même si la course n’a été officiellement annoncée que deux mois avant pour des autorisations difficiles à venir, 350 coureurs dont 200 pour le grand tour sont au rendez vous dans le gymnase de Le Perray.
Cette année, je l’ai écrit, l’abandon n’est pas une option. D’ailleurs sur l’ensemble de la saison je n’ai rien lâché.
BOUCLE D’ORLANDE – 28 km et 660D+ - 14° - 2h58
A 23 heures le départ est donné dans une bonne ambiance très décontractée. Il ne fait finalement pas trop froid, et le manteau neigeux tombé du matin promet un terrain plus dur et peut-être moins boueux que d’habitude. Cela se confirme dès les premiers mètres en forêt. Le rythme est toujours très soutenu sur cette B1, du à l’entrainement dont je n’arrive jamais à me soustraire des coureurs de la version Trail et qui s’arrêtent au bout de la B1 (celui qui a le même temps que moi sur la B1 finit 11° du Trail !). Cette B1 c’est une succession d’étangs (l’Etang du Perray, l’Etang du Gruyer et l’Etang du Coupe Gorge) et pas mal de bosses dans la forêt de Rambouillet.
Coup de théâtre d’entrée de jeux : ma frontale, pourtant vérifiée juste avant le départ, s’allume … puis s’éteint. Plus de piles !!! Misère ça commence bien. Tout en courant et en profitant de la lumière des coureurs, je change mes piles que j’ai heureusement mises dans la poche de mon pantalon. Presque 5 minutes pour faire le changement, en essayant de ne rien perdre, et de ne pas me casser la figure. Ouf, j’ai de la lumière, on peut jouer.
On est une poignée de coureur à se dédoubler selon que le terrain est technique avec grosse montée, ou descente «dré-dans–le-pentu et la caillasse recouverte de neige et de glace (là je prends le dessus) ou qu’on est en terrain plat avec grosse relance (je crie misère et tout le monde repasse). Un petit bout de chemin avec Wouter que je retrouve décidément souvent cette année (EcoTrail de Paris, Montagn’Hard, TDG) : il suit le programme sur mon blog ? Finalement tout se passe plutôt pas mal … jusqu’à la sortie de la forêt. Là une grande étendue de champs, le vent qui nous saisie, une grosse hypoglycémie qui survient et les jambes dures et raides comme du bois. Plus que quatre kilomètres pour finir cette B1, et déjà dans un état disons compliqué. L’abandon n’étant plus une option, j’applique la méthode de survie : ralentir, boire salée (soupe Effinov), manger, fonctionner sur un seul neurone. Au ravito, soupe, pâtes, remplissage des gourdes et repartir en moins de 5 minutes.
BOUCLE DU COUPE GORGE – 22 km et 270D+ - 11° - 2h43
Je repars sans me poser de questions. Les jambes raides la bouche pleine. A l’entrée dans la forêt le ventre commence à me tordre. Diarrhée, surement du au froid et à l’indisponibilité en eau chaude au ravito. Je me fais rattraper par un premier coureur que je ne peux suivre. Puis par un groupe de deux coureurs que j’essaye d’accrocher (Philippe Guillemain et David Ardid si j’en crois le classement). Je les garde en visuel. Important ça pour le moral d’avoir une loupiotte en visu. Et au bout d’environ 15 minutes, le miracle survient. Les maux de ventre disparaissent, les jambes se font – un peu plus – légères. C’est reparti, et je remonte doucement vers mes loupiottes. La jonction est faite quelques minutes plus tard. On court à trois, et spontanément sans se dire un mot, on se relaie pour passer devant et faire la trace. Simple et efficace. Du coup on remonte sur celui qui m’avait passé au début de la B2. Je me dis qu’on va la finir à quatre, d’autant que vu le faible dénivelé il faut surtout soutenir un bon rythme de croisière. C’est toujours plus simple à plusieurs. Mais non, il se dit mort, qu’il va arrêter. Alors je continue sur mon rythme. Et quelques minutes plus tard, surprise, plus personne derrière. Mes deux compagnons semblent être une centaine de mètre derrière mais toujours en course. J’en ignore la raison et l’arrivée approchant je ne m’en préoccupe pas. On verra bien au gymnase. Effectivement ils arrivent moins d’une minute derrière.
Ici même protocole qu’après la B1 : soupe, pates, pain et pâté, remplissage des gourdes (soupe + isotonique Effinov), et zou ça repart. Moins de 5 minutes chrono.
BOUCLE DE L’ARTOIRE - 24,250 et 1 050D+ - 12° - 3h46
Là c’est la boucle costaude. Celle par les Vaux de Cernay. Magnifique, mais mes adducteurs l’en dernier avaient carrément jeté l’éponge, impossible de continuer. Une succession de montées hyper raide et glissantes de 50 à 100 mètres, des descentes qui usent les genoux. Des relances pas très longues. Non c’est sur cette boucle va falloir la gérer. Très rapidement David me rejoint lors d’un arrêt « technique ». Il m’annonce 4 kilomètres de plat pour se lancer. Il a raison le bougre. Accélérons ! Il me lâche un peu mais je le garde en visuel. Et dès les premières montées/descentes je le rattrape mètre après mètre, jusqu’à la jonction après une vingtaine de minutes. En fait je suis surtout beaucoup plus rapide que lui en descente, et lui a une bien meilleure relance. Du coup on ne court pas vraiment ensemble. Magistralement lorsque j’arrive sur lui, il s’écarte et me laisse passer très largement. Grand seigneur. Et pendant 1 heure environ il va me suivre de loin, garder le contact visuel à son tour. J’ai évalué cette boucle à 4h environ pour une arrivée vers 9h.
Vers 7h environ patatra, le coup de mou revient avec des jambes lourdes à nouveau. Irrémédiablement David revient sur moi au profite des relances et même des montées. Je garde le contact au mental. Un binôme de bénévole dans le bois pour vérifier le bon passage des coureurs, et je leur demande combien il reste (ce que je m’interdis de faire habituellement). 13 kilomètres ??? Arghhhh ça va être du costaud. En plus ma montre m’indique 600D+ parcourus seulement. Reste 400D+ ? En fait mon alti sous-estime le dénivelé de l’organisation, mais je ne le saurais qu’après. En attendant il faut tenir et garder le visuel sur David. Et ça marche tellement bien que nous revenons sur un autre coureur. Le premier depuis le début de cette B3. Je saurais à l’arrivée qu’il s’agissait d’Alexandre Duhamel. David le passe. Je pense revenir sur lui, mais en fait c’est David qui téléphone. Et ce cochon d’Alex (je ne dis pas ça pour ces 87 kilos tout en … muscles bien sur !) en a profité pour ce faire la belle en accélérant. Et ce n’est pas moi dans mon état qui va lui faire la chasse.
Je finis par reconnaitre la sortie de la forêt des Vaux de Cernay. C’est bon plus de montées, maintenant faut gérer la relance et garder le rythme. Sur ce terrain David est vraiment le plus fort et s’échappe. Probablement encore environ 8 kilomètres. Je ne pense qu’à tenir. Courir encore et encore. Deux ou trois marches de 10 secondes et repartir, jusqu’à ce qu’un autre binôme de bénévoles sonnent la libération : « plus que 1,5 kilomètres ! ». Yes c’est dans la poche. J’ai vaincu L’Origole !
Arrivée au gymnase c’est le pied intégral. Une bonne accolade avec Phil qui semble aussi heureux que nous. Et ce d’autant qu’il aura cette année un taux de finishers de 66% versus autour de 30% les années précédentes !
Je fais connaissance avec Swamp (Olivier Hardouin) qui cartonne avec un podium, et Wouter 6ème. L’arrivée des copains me comble de joie : RunSteph, Bombyx, Ouster, Bottle, Gorky, … Dommage Koko et Isa devront revenir.
L’organisation nous annonce la fin de l’Origole. Du moins pour 2011. Et une surprise pour 2012. Un 100 Miles ? Une double triple boucle ??? Les rumeurs les plus folles circulent. Mes jambes s’affolent rien que d’y penser …
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